A la surprise générale, le premier ministre grec Georges Papandréou vient de décider de soumettre le plan d’aide européen à un référendum ! C’est un véritable séisme : le plan d’aide approuvé mercredi dernier est d’ors et déjà suspendu, et certainement caduc. La zone euro se retrouve encore plus fragilisée et la contagion va reprendre de plus belle. Déjà cet accord peinait à convaincre (trop flou, trop complexe), désormais il tombe à l’eau : évidemment les banques ne vont pas effacer 50% de leurs créances, comme elles s’y étaient engagées, alors que le plan risque d’être invalidé par le référendum ! Le FMI et l’UE ne vont pas prêter l’argent promis alors que le plan est en suspend ! Ce référendum est prévu pour le début 2012, rien ne pourra se faire d’ici là pour régler la crise, et la Grèce pourra-t-elle seulement tenir jusqu’à cette date ? Le résultat du référendum ne fait, lui, guère de doute, selon un récent sondage, seuls 12% des Grecs jugent ce plan positif. « Voulez-vous être pressurés comme des citrons pendant 10 ans ? », ce sera non, comme en Islande.
Cette volte face de Papandréou démontre en tout cas qu’il fait double jeu depuis le début, quémandant des fonds en agitant la menace du défaut, mais se défaussant au dernier moment lorsque les plans d’austérité font plonger son parti dans les sondages. Cela ne surprendra que les naïfs, c’était lisible depuis le premier plan d’aide à la Grèce de mai 2010, nous l’avions dit ici.
Avec ce coup de théâtre, le niveau de risque va progresser à tous les niveaux, tout le monde aux abris ! (que faire ? acheter de l’or bien sûr) Le système se fragilise d’ailleurs de partout, un grand courtier américain vient de faire faillite, BNP Paribas rapatrie 30 milliards d’euros de sa filiale belge Fortis (euh… un problème de cash ?), l’Allemagne fait une erreur comptable de 56 milliards d’euros dans sa dette publique (en sa faveur, cette fois), le DG du FESF envisage d’émettre des obligations libellées en yuan (et le risque de change ! il est fou !)… La crise monte encore d’un cran, et nous rapproche d’un krach de type Lehman Brothers.
Philippe Herlin
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