Vendredi 13 janvier 2011 : Standard & Poor’s dégrade la France, qui perd donc son triple A. Pas la peine d’être superstitieux (un vendredi 13 !), la faute en revient à 40 ans de mauvaise gestion des comptes publics : depuis 1974 aucun budget de l’Etat n’a été à l’équilibre. On doit plutôt s’estimer heureux de ne pas l’avoir perdu plus tôt, dès 2005 S&P avertissait la France qu’elle était « en train de glisser en bas de la catégorie AAA ».
Cette dégradation était largement anticipée, notamment depuis la « mise sous surveillance négative » de décembre dernier. Les marchés l’avaient déjà intégrée, le spread entre les taux allemands et français en témoignait.
Il n’y aura donc aucune conséquence ? Peut être pas à court terme, mais cela va détériorer les conditions de refinancement de la France :
- La France va perdre de facto une part significative de ses clients à travers le monde, tous ceux qui ont l’obligation statutaire d’investir dans des actifs libellés AAA (les fonds de pension notamment). Le taux auquel elle emprunte risque donc encore d’augmenter.
- Un grand nombre d’emprunteurs liés à l’Etat devraient également perdre leur AAA comme la CADES (qui gère la dette de la sécu), l’Unedic, la Caisse des Dépôts et Consignations (qui est en train de sauver Dexia…), RFF (Réseau Ferré de France), et peut être EDF. Les coûts de refinancement sur les marchés de ces entités vont donc augmenter.
- Les collectivités locales (dont l’Etat est le garant en dernier ressort) risquent aussi de perdre leur AAA (Paris, Ile-de-France).
- Les banques et assurances (françaises et étrangères) qui possèdent des emprunts français dans leurs comptes voient cet actif dévalué.
- Le fonds d’aide européen (FESF), garantit majoritairement par l’Allemagne et la France, risque certainement de perdre lui aussi son AAA.
Dans le contexte actuel de grande fragilité du secteur bancaire, cette nouvelle risque d’accélérer la crise financière en France et en Europe.
Le communiqué officiel de Standard & Poor's
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Philippe Herlin