La taxe Tobin, suggérée en 1972 par le Nobel d'économie James Tobin, consiste à taxer les transactions financières internationales afin de décourager la spéculation. Déjà on suppose ici que la spéculation est mauvaise en soi, ce qui procède d’une incapacité complète à comprendre comment fonctionne un marché libre. La spéculation est au contraire tout à fait normale puisque cela consiste à se projeter dans l’avenir en espérant enregistrer un profit. Il n’y a pas de marché sans spéculation ! En finance ou ailleurs (Free « spécule » sur sa réussite en lançant un forfait mobile tout compris à 20 euros).
En outre, cette taxe a déjà été appliquée en Suède dans les années 80, et l’expérience s’est révélée un échec complet. Si la France l’applique seule, cela se traduira par de nouveaux chômeurs (on ne peut pas dénoncer les 35 heures et faire l’équivalent dans le domaine de la finance !). Déjà le gouvernement envisage ne pas l’appliquer sur les bons du Trésor, pour ne pas décourager les investisseurs, l’Etat taxera les actions mais pas ses propres produits financiers, cette duplicité est scandaleuse.
Ceci dit, il faut taper sur les marchés, les hedge funds et les vilains spéculateurs, ça peut rapporter quelques points en période électorale. Mais tout cela n’est qu’un prétexte. Cette taxe devrait rapporter plus de 50 milliards au niveau européen (si elle est mise en œuvre, mais beaucoup de pays y sont opposés, heureusement). Mais d’où croit-on que viendront ces 50 milliards ? Des bénéfices des banques ? Surtout pas, il faut les recapitaliser, n’est-ce pas. Cette taxe sera reportée sur l’utilisateur final, c'est-à-dire l’épargnant. Les hedge funds sont très peu implantés dans la zone euro (ils sont à Londres, Zurich, aux USA), ils ne seront pas concernés. En fait la très médiatique taxe Tobin sert à nous vendre l’impôt européen, voici la raison de tout cela !
Philippe Herlin