Nous avons déjà parlé de cette information ici mais on y revient tant elle mérite le détour : la sécurité sociale emprunte pour partie en dollars ! Enfin, plus exactement la CADES, la Caisse d'amortissement de la dette sociale, c'est-à-dire l’organisme chargé de financer la dette de la sécu (de la même façon que l’Agence France Trésor gère la dette de l’Etat). Elle vient de publier son programme de « financement » (comprendre endettement) pour 2012 : 40 milliards d’euros. Sur 2011, 40 % de la dette avait été émise en dollars ou autres devises (6,5 + 3,8 + 3,0/31,4), la proportion devrait être du même ordre en 2012.
Alors que les pouvoirs publics dénoncent l’hégémonie de la monnaie américaine et affirment défendre l’euro « à tout prix », il est effarant de voir que la sécurité sociale emprunte en dollars. L’intérêt de l’opération réside dans l’assurance de placer sans aucune difficulté ces emprunts auprès des fonds de pension américains (qui n’ont ainsi aucun risque de change à supporter, ce qui serait le cas s’ils achetaient des obligations libellées en euros). La CADES, pour éviter le risque de change, se couvre par un swap sur toute la durée de l’emprunt ; mais cette couverture coûte chère, et c’est autant d’argent perdu.
Le « cœur » de notre « modèle social que le monde entier nous envie », financé pour partie en dollars auprès de fonds de pensions américains, antimodèle honni de nos politiques, c’était la séquence humour du jour, merci la CADES.
Philippe Herlin