Les négociations en cours sur la dette publique de la Grèce achoppent sur la décote que doivent « volontairement » accepter les banques et fonds privés : 50% ou plus. Une perte sèche car les assurances (les fameux CDS) ne se déclencheraient pas, pour la raison que cette décote serait volontairement acceptée par les banques (sur l’insistante pression des Etats), car nul ne sait vraiment qui a vendu des CDS, qui en a acheté, et il existe de ce fait un risque de crise systémique.
Mais ce n’est qu’une partie du problème. La dette totale de la Grèce s’élève à 350 milliards d’euros. On parle ici des 200 milliards détenus par les banques. Reste 110 milliards prêtés directement par les Etats lors du premier plan d’aide de mai 2010, ainsi que 40 milliards détenus par la BCE (c'est-à-dire qu’elle a racheté à des banques qui voulaient s’en débarrasser). 350 = 200 + 110 + 40, voici les données du problème.
Les banques acceptent déjà 50% de pertes, mais elles ne veulent pas aller plus loin. Au final il resterait 250 milliards de dette (100+110+40), ce qui est encore trop lourd pour « l’économie » grecque. Alors le FMI demande à la BCE de prendre sa part, ce à quoi elle s’était absolument refusée jusqu’ici car cela équivaut à financer un Etat, ce qui lui est interdit par ses statuts. Quand bien même, cela suffira-t-il ? Certainement pas et il faudra à un moment que les Etats qui ont prêté à la Grèce (110 milliards) prennent une part de la perte…
Ce sera évidemment très difficile à vendre aux opinions publiques, alors on trouvera une solution bancale, un nouveau prêt (130 milliards, provenant des Etats et du FMI) sera versé à la Grèce d’ici le mois de mars, ce qui permettra de tenir jusqu’aux prochaines élections générales en France et en Allemagne. Après il faudra passer à la caisse, merci d’avance aux contribuables français et allemands.
Philippe Herlin