Le gouvernement vient de rendre public sa prévision de déficit budgétaire pour 2012 : 85 milliards d’euros (Les Echos). Après 90 milliards de déficit pour 2011, soit aucune amélioration ! En 2010, le déficit était de 148 milliards, mais il comportait une dépense exceptionnelle (et inutile, nous l’avons dit), le Grand emprunt, d’un montant de 35 milliards. Ainsi, la diminution du déficit entre 2010 et 2011 provient de la fin du Grand emprunt (entièrement comptabilisé sur 2010), des deux mini plans de rigueur de l’automne 2011 (+ 10 milliards de recettes) et d’une pincée de hausse du PIB, et donc des recettes fiscales.
Conclusion : sur ces trois années, le déficit structurel (hors éléments exceptionnels) est resté au même niveau, de l’ordre de 90 milliards d’euros. Ce qui ferait environ 5 % du PIB comme on essaie faussement de nous le faire croire (le déficit budgétaire et le PIB n’ont rien à voir). Le vrai chiffre : les recettes fiscales nettes de l’Etat en 2011 sont de 270 milliards d’euros, ce qui veut dire que le déficit est de 33 % (recettes 270, dépenses 360, déficit 90, soit 90/270=33%). Pour 4 euros dépensés, l’Etat a 3 euros de recettes fiscales et 1 euro de déficit. Ca s’appelle un budget à la dérive. La « trajectoire de retour à l’équilibre » est un pur mensonge.
En fait l’Etat est absolument incapable de réduire son déficit. Il faudrait pour cela des réformes structurelles que personne en France n’a le courage de mettre en œuvre. Tant pis, nous prendrons le chemin de la Grèce.
Information supplémentaire, et ahurissante, de l’article des Echos cité plus haut : « Bercy assure que le programme d'émission de dettes pour 2012 ne va pas être modifié pour autant (il reste prévu à 178 milliards d'euros d'émissions à moyen et long terme). Le Trésor va en effet bénéficier, notamment, du « rapatriement » sur son compte de la trésorerie d'opérateurs publics tels qu'Oséo. » Oséo, soi-disant créé pour financer les PME, va servir à financer le déficit de l’Etat !!! Quand on fait les fonds de tiroir de cette façon, la chute n’est plus très loin.
Philippe Herlin