« La crise financière s'apaise […] L'Europe n'est plus au bord du gouffre » affirme Nicolas Sarkozy lors de son intervention dimanche soir. Ces déclarations correspondent un sentiment général, l’Espagne et l’Italie empruntent à des taux moins élevés, la perte du AAA par la France n’a pas renchéri le coût de ses emprunts, la crise des dettes publiques européennes semble s’estomper.
Mais ces bonnes nouvelles proviennent-elles d’une amélioration réelle de la situation économique ? La croissance repart-elle ? Non, au contraire. Les banques ont-elles assaini leur bilan ? Nullement. Cette embellie a une cause, nous l’avons déjà dit ici, et cet article du Figaro le confirme, il s’agit du prêt géant de 489 milliards d’euros à 1% sur 3 ans qu’a accordé la BCE aux banques européennes. Ce déluge de liquidité bon marché (de l’argent créé ex nihilo) a temporairement suspendu la crise : « Si cette mesure inédite de la BCE à l'égard des banques a eu un tel effet, c'est que la zone euro était bel et bien menacée fin 2011 par une crise bancaire. »
Et – miracle – une partie de cet argent a été investi en emprunts d’Etat, d’où la détente sur les taux d’intérêt : « C'est ce qu'on appelle le «Sarko trade», car le président français avait publiquement souhaité que les fonds libérés par la BCE viennent, par l'intermédiaire des banques, se placer sur les dettes d'État. » Visiblement, c’était même plus qu’un souhait : « Ont-elles subi des pressions amicales de leur Trésor national ? Vraisemblablement, rétorquent les spécialistes, mais c'est aussi l'intérêt bien compris du secteur bancaire de ne pas laisser son pays faire faillite… »
Conclusion : l’embellie actuelle est complètement artificielle. Mais comme cette mesure permet de dresser un village Potemkine avec de jolies banques et des Trésors publics souriants, elle sera renouvelée, pas plus tard d’ailleurs que le 29 février lorsque la BCE proposera un nouveau prêt géant. Pendant ce temps, la quantité de monnaie et de dette s’accroît dans l’économie…
Philippe Herlin