Nous avions déjà signalé dans ce billet la décision ahurissante de la SEC aux Etats-Unis qui a interdit purement et simplement l’agence Egan Jones de publier des avis sur les dettes souveraines pendant 18 mois, pour un prétexte futile. Hier on apprend que le gouvernement américain engage une procédure contre Standard & Poor’s, la sanction pourrait atteindre les 5 milliards de dollars, ce qui remettrait en cause la pérennité de l’agence selon Norbert Gaillard, auteur d’un livre sur le sujet (Le Point). Des rumeurs font état d’une plainte prochainement déposée contre Moody’s. Les deux premières ont « osé » dégrader la note de la dette américaine, faut-il y voir un lien de cause à effet ? On ne va pas défendre les agences de notation qui se sont largement trompées lors de la crise des subprimes, cependant concernant la crise des dettes publiques, elles sont globalement dans le vrai, et même presque trop généreuses avec les grands pays développés. Les Etats-Unis, qui ne font aucun réel effort pour réduire leur déficit budgétaire, veulent-ils mettre au pas les agences et les dissuader de dégrader encore leur note ? Ca y ressemble. Dans le même temps, on apprend que Fitch a dégradé sa consœur Standard & Poor’s, façon de bien se faire voir du pouvoir ? Car d’autres dégradations remettraient en cause le rôle du dollar comme principale monnaie de réserve et de transaction dans le monde. Et là il s’agit d’une question de sécurité nationale. « Pas touche ! » fait clairement comprendre le gouvernement US.
Philippe Herlin