Dix centimètres de neige et la France est bloquée ! Enfin, une grande partie avec la Normandie, le Nord Pas de Calais, la Picardie, l'Ile de France. Les routes sont impraticables, avec des naufragés qui passent la nuit dans leurs voitures, des trains sont à l'arrêt en pleine voie, et qui servent de dortoir, même les TGV et le Thalys, fleuron de la technologie, restent à quai, à Paris les banlieusards ne savent pas s'ils pourront rentrer chez eux, plus de 100.000 foyers sont privés d'électricité.
Le pire est que cet épisode neigeux, qui n'a rien d'extraordinaire hormis sa survenance tardive, était prévu depuis deux jours par Météo France ! Où étaient les saleuses ? Les chasse-neiges ? Quelle coordination fut mise en place, ne serait-ce que pour interdire aux poids lourds de circuler ?
Depuis 1998 les collectivités locales ont embauché un demi-million de fonctionnaires, où étaient-ils hier ? Les impôts locaux n'ont cessé de grimper, où se trouvaient les services de secours ? Les communautés de communes et d'agglomérations recouvrent le pays, les régions et les départements prétendent s'occuper de notre vie quotidienne, quelle organisation a été mise en place pour faire face à ce type d'événement ? Rien, rien de rien.
Ce naufrage est celui d'une France qui vit à l'abri de son statut et de la concurrence, et finalement déconnectée de la réalité. Pitoyable la SNCF qui balance un communiqué enjoignant aux banlieusards de ne pas se rendre à Paris, à 8h20 alors qu'ils sont déjà partis ! Scandaleux la RATP dont plusieurs lignes tombent en panne à cause de quelques flocons. Ridicule ce camion de ERDF qui patine dans la neige et qui sera aidé par un agriculteur et son tracteur. Grotesques tous ces tramways payés une fortune et incapables de rouler.
La France des "services publics que le monde entier nous envie" a fait naufrage hier. Cela ne concerne d'ailleurs pas que les transports, dont l'épisode actuel ne sert que de révélateur, mais aussi les hôpitaux publics dont les urgences sont congestionnées et qui parquent les malades sur des brancards dans les couloirs. Egalement la Sécurité sociale, dont les comptes dérivent de plus en plus, et notre système de retraite par répartition qui est au bord de la faillite.
Toute cette "France soviétique" trouve sa source en 1944 dans le programme du CNR (Conseil national de la résistance) et dans le premier gouvernement d'après-guerre, tous deux fortement influencés par le Parti communiste. C'est alors que sont créés le très néfaste statut des fonctionnaires, la sécurité sociale obligatoire, la retraite par répartition, les syndicats dits "représentatifs", les nationalisations-spoliations pour constituer ces bastions syndicaux coûteux et inefficaces (SNCF, RATP, EDF), et ce mythe de l'Etat omnipotent sachant ce qui est bien à la place des citoyens.
La croissance des Trente glorieuses permit de financer cette bureaucratie inefficace, ensuite ce fut la dette publique, qui lui doit la part majeure de son montant. Et maintenant ? L'argent manque et cette France soviétique entre en déliquescence accélérée.
Surtout n'essayons pas de la sauver ! Parce que c'est impossible, et que le meilleur service à rendre à la France consiste à s'en débarrasser. Une France moderne qui veut retrouver son dynamisme et faire sa place dans la mondialisation doit définitivement faire une croix sur ces lubies marxistes d'un autre âge. C'est une victoire à remporter sur nous-mêmes, mais nous avons tout à y gagner.
Philippe Herlin