Les médias dénoncent justement le crédit revolving dans le surendettement des ménages, en effet cette technique met à disposition d’une personne une ligne de crédit dans laquelle elle peut puiser à volonté pour ses dépenses de consommation tandis que ses mensualités augmentent modérément… jusqu’à l’étrangler ! Au début c’est sympa, on s’achète un écran plat et un sofa et les mensualités à rembourser augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, ça parait indolore… Il y a en réalité un grand effet d’inertie dans ce processus et un «accident de la vie» (chômage, séparation, ou la simple incapacité à surveiller ses comptes) se traduit par un surendettement qui étrangle l’emprunteur.
Quand on y réfléchit bien, c’est exactement de cette façon que l’Etat s’endette, non pas exactement en puisant dans une réserve mais en émettant régulièrement tout au long de l’année une multitude d’emprunts de montants et de durées variables de façon, justement, à lisser les remboursements. Un trou de plusieurs dizaines de milliards d’euros dans le budget de l’Etat ou celui de la Sécurité sociale se traduit in fine par une hausse des remboursements de quelques milliards par an (tandis que la dette totale, elle, augmente). Le «service de la dette» augmente régulièrement chaque année de quelques milliards et, au niveau du budget total, cet accroissement paraît indolore à ceux qui nous gouvernent. Erreur, cela limite nos marges de manœuvre et, en cas de crise comme aujourd’hui, cela peut devenir extrêmement dangereux.
En fait c’est dès le départ qu’il aurait fallu réagir (pour un ménage comme pour l’Etat) en refusant l’absurdité fondamentale de financer des dépenses de fonctionnement par l’emprunt.
Philippe Herlin
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