La dette publique ce n’est pas un unique emprunt que l’on devra rembourser en totalité un jour bien sûr, l’Etat émet en réalité un flux continu d’emprunts sur le marché financier pour se refinancer, et ce flux est lissé au maximum de façon à éviter les à-coups (c’est l’AFT qui fait ce travail, et très bien d’ailleurs). L’explosion du déficit budgétaire pour 2008 et 2009 se traduit ainsi par une hausse du «service de la dette» (remboursement intérêts + capital) de quelques milliards «seulement» pourrait-on dire. Ce mécanisme de l’endettement contribue à son addiction par les autorités publiques, les charges d’un fort déficit pèsent peu sur le prochain budget, ce sont surtout les prochains gouvernements qui paieront la facture !
C’est le même mécanisme que le crédit revolving pour les ménages: vous achetez un écran plat et un sofa et vos remboursements mensuels augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, formidable ! Vous multipliez donc les achats et, finalement, vous vous retrouvez surendettés. Ce crédit facile est à l’origine d’une grande proportion des cas de surendettement des ménages. Le mécanisme économique et, pourrait-on dire, psychologique, est le même pour l’Etat. Les 140 milliards de déficit du budget 2009 se traduisent, concrètement, par quelques milliards de plus à rembourser tous les ans (le poste «service de la dette» dans le budget de l'Etat).
Dans un récent rapport, le député Gilles Carrez évalue à 54,6 milliards ce service de la dette (pour l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales) : «Les intérêts versés sur la dette publique représentaient 54,6 milliards d’euros en 2008, dont 45 milliards d’euros pour la dette de l’État (en comptabilité nationale), 5,2 milliards d’euros pour la dette des collectivités territoriales et 3,9 milliards d’euros pour les organismes divers d’administration centrale (parmi lesquels figure la CADES).» Il estime qu’il pourrait atteindre 80 milliards en 2012 ! 80 milliards de déficit annuel sans avoir bougé le petit doigt. Et voilà comment on étrangle progressivement les capacités budgétaires de la France.
La charge de la dette va progresser de 20 milliards d'euros d'ici à 2012, Les Echos
Rapport Carrez pour la loi de finance 2010
Philippe Herlin
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