Bien, la situation est finalement plus grave que prévue, un article du New York Times de ce week end nous l’apprend. Non seulement la Grèce a triché sur ses statistiques nationales et budgétaires (pour entrer dans l’euro, et au cours de cette année qui a vu un changement de gouvernement), mais en plus – c’est ce que nous apprend le quotidien américain – la Grèce a masqué l’ampleur de sa dette, avec l’aide de Goldman Sachs ! Les critères de Maastricht empêchant de trop augmenter la dette, la Grèce – conseillée par Goldman Sachs (300 millions de dollars de commission pour cette opération, merci) – a trouvé une autre formule : du cash contre des versements futurs, ce qui formellement n’est pas une dette mais un swap (un échange de flux financiers entre deux parties) ; le tour est joué. En l’occurrence, la Grèce a reçu une somme d’argent et devra verser pendant plusieurs années (à Goldman Sachs ou à une structure ad hoc) une part de ses redevances aéroportuaires et des revenus de sa loterie nationale. La Grèce se vend par morceau pour financer son déficit, sans en avertir la population car tout a été fait dans le plus grand secret. On est au-delà de la nausée. Et s’il n’y avait que la Grèce, le vilain petit canard de l’Europe, mais non, l'Italie, l'Espagne et le Portugal ont également utilisé de tels expédients ! Là c’est la construction européenne elle-même dont la crédibilité est atteinte, car que vaut l’euro et les règles communes si des pays peuvent mentir et dissimuler leurs comptes à ce point ? Et bien sûr, quand leurs emprunts d’Etat sont attaqués sur les marchés, ceux qui dirigent ces pays accusent la «spéculation», bah voyons. Ce sont des irresponsables. Une question se pose : la France a-t-elle utilisé de tels outils ? «La France, mais enfin Monsieur !». Bon d’accord, mais nous serons vigilants…
Wall St. Helped to Mask Debt Fueling Europe’s Crisis, New York Times
Goldman Sachs aurait aidé la Grèce à camoufler sa dette, Le Figaro
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr