La Grèce n’est pas le seul pays à maquiller sa dette grâce à des outils financiers complexes, l’Italie, l’Espagne et le Portugal y ont aussi eu recours. Mais, à notre avis, l’article du Monde fait une erreur en mettant la France (et l’Allemagne) dans le même sac : ce n’est pas parce que ces pays utilisent des swaps qu’ils trichent tous ! Pour la Grèce, le swap n’est que l’habillage d’une manipulation destinée à récupérer de l’argent frais sans s’endetter (mais en gageant des ressources futures, voir notre précédente note). Pour la France, en fait l’AFT (Agence France Trésor) qui gère la dette, il s’agit de gestion active de la dette, en l’occurrence de réduire la durée de vie moyenne de la dette, et ainsi sa charge (voir la note de l’AFT ci-après). La Cades (qui gère la dette de la sécu) utilise également des swaps de devises parce qu’elle emprunte pour partie en dollars, mais ces swaps sont destinés à se couvrir contre les variations euro/dollar, ils n’ont aucune vocation spéculative ou dissimulatrice, seulement de couverture. On peut critiquer le fait que la Cades emprunte en dollars, mais cette couverture par des swaps procède d’une saine gestion (voir cette note). Rien ne nous permet de penser que la France s’est livrée à des manœuvres frauduleuses comme la Grèce, même s’il faut bien sûr rester vigilant.
La Grèce n'est pas la seule à "maquiller" sa dette, Le Monde
Utilisation du swap, sur le site de l’AFT
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr