Les marchés anticipent-ils déjà la perte par la France de son AAA ? L’écart avec les taux allemands se creuse, « la France n'est qu'un « petit » triple A, contrairement à l'Allemagne » affirme l’économiste Norbert Gaillard, qui vient de sortir un livre sur les agences de notation (Repères-La Découverte). Comparé à l’Allemagne (qui vient de renforcer son plan de rigueur), la France (qui se limite à raboter les niches fiscales…) ne mérite pas son AAA, c’est évident. Mais le Royaume-Uni et les Etats-Unis non plus, qui plongent dans des déficits abyssaux sans offrir pour l’instant de réelles perspectives de rétablissement. Cependant ces deux pays occupent des places stratégiques dans l’économie mondiale, Londres est la première place financière dans de nombreux segments, et les Etats-Unis sont la première puissance et ont le dollar, la monnaie de réserve internationale. Face à cela, quelle est la « puissance géopolitique » de la France dans l’économie mondiale ? Les agences de notation peuvent légitimement avoir peur de se mettre à dos les Etats-Unis ou le Royaume-Uni, pas la France. Quel que soit ce que l’on pense de ces agences (conflits d’intérêt, oligopole, myopie, etc, tout est vrai), elles font partie du jeu et influencent réellement les investisseurs, on n’en est pas suffisamment conscient au pouvoir à Paris.
Les taux allemand et français de plus en plus écartés, Le Figaro
Philippe Herlin
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