On y voit plus clair dans le plan d’aide à l’Irlande, même s’il faudra attendre quelques semaines pour que les modalités précises soient établies entre Bruxelles et Dublin. On parle d’une aide totale de l’ordre de 90 milliards d’euros, mais au final le FESF (Fonds européen de stabilité financière) pourrait ne pas être sollicité, ou très peu. Le FESF est directement garanti par les grands pays européens (le FESF lève des fonds en son nom, mais si un pays auquel il a prêté fait défaut, l’Allemagne, la France, etc payent la note ! et c’est notre AAA qui saute au passage). L’Union européenne possède en effet une capacité à s’endetter de 60 milliards d’euros (par le MESF, Mécanisme européen de stabilité financière), le FMI interviendrait à hauteur de 50 % et le Royaume-Uni ferait un prêt bilatéral de 8 milliards d’euros ; ça pourrait suffire. De son côté, l’Irlande garderait son taux d’impôt sur les sociétés de 12,5 %, le plus bas d’Europe. Tout est bien qui finit bien ?
Non car on parle maintenant de contagion vers le Portugal et l’Espagne, également empêtrés dans leur dette publique. Et on reparle de la Grèce, l’UE et le FMI doutent qu’elle puisse rembourser les 110 milliards du prêt européen en 2014 et 2015 (c’est évidemment impossible). En fait les dirigeants européens (hormis Berlin et Londres) refusent de prendre conscience des déséquilibres structurels de leurs comptes publics ainsi que d’admettre l’absence de toute reprise économique. Et ils espèrent passer ce mauvais cap en rajoutant de la dette publique européenne à de la dette publique nationale. Ou en essayant de bercer d’illusions les marchés, comme avec ces stress-tests sur les banques européennes réalisés en juillet dernier et que les banques irlandaises, aujourd’hui en faillite totale, passaient sans encombre.
Surtout pas de remise en cause, on apprend par exemple que le FMI vient d’embaucher, pour diriger son département européen, un ancien de Goldman Sachs qui a directement participé au maquillage des comptes publics de la Grèce… Et juste pour rire, le site France.fr dépense un demi-million d’euros pour fabriquer un spot niaiseux vantant les mérites de la France ; ceci dit on pourra toujours le recycler lorsqu’il faudra quémander une aide européenne.
Comment fonctionnera le plan de sauvetage irlandais, Le Figaro
Grèce: vers un nouveau prêt (FMI et UE), Le Figaro
Un ancien de Goldman Sachs à la tête du département Europe du FMI, AFP
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr