Comme l’Irlande en son temps, le Portugal se refuse à demander l’aide de l’Union européenne que celle-ci veut absolument lui offrir. « Non je ne veux pas de vos milliards ! », « Mais si, mais si, tout le plaisir est pour nous ! », drôle de vaudeville… Il est vrai que ces milliards sont accompagnés d’une pilule empoisonnée (des réformes structurelles) que le gouvernement portugais aura du mal à faire avaler au pays. Mais il faut à tout prix éviter une banqueroute (« le Portugal est en train de couler » selon Reuters, le krach menace selon MoneyWeek) et – c’est la vraie raison de l’empressement de l’UE – une propagation à l’Espagne, comme le reconnaît Wolfgang Schäuble, qui ferait trembler la zone euro sur ses bases. La mise sous tutelle du Portugal ne semble plus qu’une question de temps, de mois, peut être de semaines.
Autrement, changeons de sujet, et intéressons-nous à ce qui se passe en Côte d’Ivoire puisqu’on assiste en direct à l’effondrement de son système bancaire. Dans le conflit que connaît ce pays, Alassane Ouattara a obtenu que la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) arrête de travailler avec les banques d’Abidjan (essentiellement des filiales de la BNP et de la SG). Résultat celles-ci stoppent les transactions et baissent le rideau de fer, l’activité économique est étranglée, les clients se précipitent pour récupérer leurs fonds, la crise s'étend à la région… Une situation « intéressante », si l’on peut dire, car c’est ce qui se passerait en cas de faillites d’Etats surendettés (l’Argentine a vécu cela en 2001). Bientôt en Europe ? Espérons que non. Laurent Gbagbo a répliqué en prenant le contrôle des banques. Sans s’immiscer dans ce conflit, on doit déplorer que l’argent des déposants soit pris en otage pour des raisons politiques.
Notre pétition contre des emprunts d’Etat à 100 ans.
Philippe Herlin
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