Des rumeurs circulent, des pistes sont lancées, sans que rien ne soit encore officiellement confirmé, mais les modalités d’action du FESF devraient évoluer, et pas forcément dans le bon sens. Selon BFM, RFI ou Les Echos, le FESF pourrait racheter de la dette grecque et irlandaise sur le marché secondaire, mais pourquoi ? En fait le rééchelonnement de ces pays ne fait plus de doute, tout est une question d’échéance, et surtout de savoir qui va payer. Un rééchelonnement de dette se traduit immédiatement par des pertes pour les détenteurs (les banques), dans un contexte de crise et, souvent, d’affolement. Dans ce cadre, le FESF pourrait servir de « sas » : il achète de la dette grecque (auprès des banques, trop contentes de s’en débarrasser), celle-ci est rééchelonnée, le FESF enregistre donc des pertes, mais comme il a du cash il peut y faire face, et deux ou trois ans plus tard, les pays qui le financent le renflouent. Ainsi les banques se débarrassent du mauvais papier, au final le contribuable paie la totalité de la note, on l’a bien compris, mais l’électeur ne s’en rend pas vraiment compte car les pertes du FESF sont étalées dans le temps. Une bonne combine, non ?
Autrement, le président Sarkozy veut inscrire dans la constitution une règle de limitation des déficits, une bonne idée que nous défendons ici, mais a-t-elle des chances de passer dans cette période pré-électorale ? Et puis il faudrait commencer par éviter les dépenses stupides comme les éoliennes en mer (10 milliards) et le métro du Grand Paris (32 milliards), des sommes qui d’ailleurs n’apparaîtront pas dans la dette publique car financées par des PPP (Partenariat Public Privé, voir mon livre page 37).
Enfin, pour prolonger notre billet précédent, on lira l’excellente tribune de Nicolas Baverez « France, ton économie fout le camp ».
Philippe Herlin
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