Dans un billet de son blog, l’INSEE répond à Emmanuel Todd, c’est-à-dire essentiellement à moi puisque le chapitre considéré est basé sur mon livre. Il faut d’ailleurs rappeler qu’à l’époque de la sortie de Pouvoir d’achat : le grand mensonge, à l’automne 2018, l’INSEE avait fait circuler dans les rédactions un argumentaire pour le critiquer, ce qui dénote d’un comportement mesquin et malhonnête, j’y avais répondu à l’époque. Désormais l’organisme statistique répond publiquement, c’est un progrès, même s’il persiste dans le déni.
L’INSEE s’arcboute sur sa méthode et sur la part ridicule qu’occupe le logement dans le panier moyen de la ménagère (6% !) et ne veut rien y changer. Mais comme je l’explique, pour répondre aux critiques formulées contre son indice des prix, l’INSEE a créé la notion de "dépenses pré-engagées", ou "dépenses contraintes" dont l’institut reconnaît qu’elles ont fortement grimpé pour atteindre un tiers du budget des ménages en 2010, or celles-ci sont essentiellement constituées des dépenses de logement : ainsi les dépenses de logement font progresser les dépenses contraintes, mais pas l’inflation… on est ici dans un double discours.
Rappelons que, récemment, la Banque Centrale Européenne a manifesté sa volonté de mieux prendre en compte l’immobilier dans le calcul de l’inflation, et cela après le think tank Positive Money ou encore l’économiste en chef de Standard & Poor’s. Manifestement, de plus en plus d’économistes et d’institutions sont conscients du problème de la sous-évaluation de l’immobilier dans l’indice des prix, et l’attitude bornée de l’INSEE ne tiendra sans doute plus longtemps.
Bonus : Emmanuel Todd répond à l'INSEE (et me cite au passage, merci), et s'étonne d'ailleurs que ce blog ait été créé exprès par l'institut pour répondre à son livre...
Philippe Herlin