Intéressant article de Daniel Cohen dans Le Monde daté du 6 avril, intitulé «Nouvelles inquiétudes sur les risques d'un krach obligataire». Constatant l’explosion des déficits publics, et déplorant que le G20 soit resté muet sur le sujet, l’auteur montre que l’Europe est dans une «situation atypique» car, contrairement à la Fed et à la Banque d’Angleterre, la BCE ne peut pas acheter d’emprunts d’Etats européens (et ainsi faire tourner la planche à billets), ce qui expose les pays fragiles comme la Grèce à un risque de défaut (nous l’avions signalé dans cette note).
Si les risques de faillite d’Etats (en Europe) ou d’inflation (pour les US et le Royaume-Uni) sont non négligeables, Daniel Cohen considère cependant que l’hypothèse la plus probable pour contenir et résorber l’endettement sera une hausse des impôts. Mais faisons ici une remarque, si une hausse substantielle des impôts est tout à fait possible aux Etats-Unis ou au Japon, elle est impossible en France car nous sommes déjà au maximum ! La taux de prélèvements obligatoires est ainsi de 27,3 % du PIB aux Etats-Unis, 27,4 au Japon, 34,8 en Allemagne, 36,5 au Royaume-Uni et 44,1 % en France (chiffres 2005). Les américains ou les japonais peuvent se permettre pendant quelques années une hausse de leurs impôts de 3 à 5 % sans remettre en cause leurs compétitivité. Une telle hausse en France, où nos entreprises perdent déjà du terrain à l’international (cf la dégradation de notre commerce extérieur) provoquerait des délocalisations et des faillites, et finalement une stagnation ou une baisse des recettes fiscales. Nous sommes en haut de la courbe où une hausse des impôts ne provoque pratiquement pas d’augmentation des recettes fiscales. Nous ne pourrons pas utiliser ce moyen. Il reste une solution mais c’est un gros mot : réformes.
Nouvelles inquiétudes sur les risques d'un krach obligataire, Daniel Cohen, Le Monde 6/4/2009
Les prélèvements obligatoires (wikipedia)
Philippe Herlin
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