Contrairement à ce que voudrait faire croire le gouvernement, la situation de la France n’est pas meilleure que celle de l’Espagne et du Royaume-Uni, annonce l’agence de notation Fitch. Merci pour cette mise au point ! Moins que le niveau de la dette publique et sa progression, c’est la volonté de s’attaquer au problème qui importe : il y a, selon l’agence, urgence à annoncer un programme de retour à l'équilibre des finances publiques si ces pays veulent conserver leur prestigieuse note AAA. «L'Angleterre, l'Espagne et la France doivent mettre en œuvre une politique budgétaire crédible dans les prochaines années, étant donné le rythme de dégradation de leurs comptes et les défis auxquels ils devront faire face pour stabiliser leur endettement», écrit Fitch, en cas d'inaction, «la pression sur la note de leur dette s'intensifiera». Le message est clair. En effet, par opposition Fitch reconnaît les efforts de l’Allemagne qui a inscrit dans la constitution le retour à l’équilibre de ses finances (voir cette note). A terme il n’est donc pas possible que la France et l’Allemagne conservent la même note, les divergences vont de venir de plus en plus criantes. Bonne année quand même !
Dette : la France, pas meilleure que l'Espagne, Le Figaro
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
mardi 29 décembre 2009
mardi 22 décembre 2009
France/Japon
Une dépêche de l’AFP du 21 décembre annonce gravement « Le Japon croule sous une dette monstrueuse », et pour preuve : « Pour la première fois depuis 1946, le Japon va émettre plus de dette qu'il ne percevra d'impôts lors de l'année budgétaire 2009-2010, qui s'achève fin mars ». Effectivement la situation est grave, mais elle est quasiment identique pour la France puisque les recettes nettes de l’Etat en 2009 s’élèvent à 272 milliards d’euros (lire ici) tandis que l’Etat empruntera 252 milliards sur 2009, pour couvrir le déficit du budget et amortir la dette existante (lire ici) ! La situation est même plus difficile pour la France pour trois raisons :
1) 93 % de la dette japonaise est détenue par les Japonais alors que seulement 32,7 % de la dette de l’Etat est détenue par les Français (les « non-résidents » détiennent 67,3 % de la dette de l’Etat, lire ici), ce qui nous rend extrêmement dépendant des investisseurs étrangers.
2) La banque centrale japonaise peut monétiser la dette (« faire tourner la planche à billet ») alors que la BCE voit cette possibilité interdite par ses statuts.
3) Les impôts sont peu élevés au Japon (27 % du PIB, comme aux Etats-Unis), ce qui leur laisse une marge de manœuvre, alors qu’en France (45 % du PIB) nous sommes « aux taquets » et toute augmentation se traduirait par un affaiblissement supplémentaire de nos entreprises.
Le fait que le rapport dette/PIB soit plus élevé au Japon qu’en France (180 contre 80 %) ne doit donc pas faire illusion, la situation est plus tendue en France et une crise de la dette souveraine serait beaucoup plus grave pour elle.
Le Japon croûle sous une dette monstrueuse, AFP
Philippe Herlin
1) 93 % de la dette japonaise est détenue par les Japonais alors que seulement 32,7 % de la dette de l’Etat est détenue par les Français (les « non-résidents » détiennent 67,3 % de la dette de l’Etat, lire ici), ce qui nous rend extrêmement dépendant des investisseurs étrangers.
2) La banque centrale japonaise peut monétiser la dette (« faire tourner la planche à billet ») alors que la BCE voit cette possibilité interdite par ses statuts.
3) Les impôts sont peu élevés au Japon (27 % du PIB, comme aux Etats-Unis), ce qui leur laisse une marge de manœuvre, alors qu’en France (45 % du PIB) nous sommes « aux taquets » et toute augmentation se traduirait par un affaiblissement supplémentaire de nos entreprises.
Le fait que le rapport dette/PIB soit plus élevé au Japon qu’en France (180 contre 80 %) ne doit donc pas faire illusion, la situation est plus tendue en France et une crise de la dette souveraine serait beaucoup plus grave pour elle.
Le Japon croûle sous une dette monstrueuse, AFP
Philippe Herlin
jeudi 17 décembre 2009
La Cour des comptes dénonce la hausse des effectifs publics
Comme nous l’indiquions dans cette note, la décentralisation fut un prétexte, pour l’Etat comme les collectivités locales, pour augmenter leur nombre de fonctionnaires, contribuant ainsi pour beaucoup à l’endettement du pays. La Cour des comptes revient sur cet aspect en dénonçant ces hausses d’effectifs publics. Etats, régions, départements, communautés d’agglomérations, communes, tout le monde y a participé ! Les sages de la rue Cambon dénoncent la règle du non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux, cela encourage les mauvais élèves et handicape ceux qui ont gérés leurs embauches de façon plus sérieuse. Nous pouvons partager ce point de vue, le fait qu’elle soit appliquée de la même façon à tout le monde est une erreur (typique de l’administration française), dans certains services il faudrait diminuer drastiquement les effectifs (ministère de l’agriculture par exemple), et les maintenir ailleurs (pour le Centre Pompidou, vu sa fréquentation - touristique notamment - une stabilisation ou même une hausse des effectifs peut être économiquement justifiée ! tout problème de statut mis à part). Cette règle n’est qu’un pis aller, absolument pas à la hauteur des enjeux.
Le rapport de la Cour des comptes sur les effectifs de l’Etat dans Le Figaro et E24
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Le rapport de la Cour des comptes sur les effectifs de l’Etat dans Le Figaro et E24
Philippe Herlin
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mardi 15 décembre 2009
Le Grand emprunt est lancé…
C’est fait, le Grand emprunt a été officiellement lancé hier par le Président de la République. Nous avons dit ce que nous en pensons dans cette note, l’erreur de base est maintenue : les 35 milliards d’euros de dotation vont passer par la tuyauterie largement percée et inefficace d’organismes publics (Oséo, Ademe, CEA, universités, Caisse des Dépôts, Anah…). Le mot d’ordre de cet emprunt est conforme à celui de la France depuis le premier choc pétrolier de 1973 : surtout pas de réformes ! Déversons de l’argent et ça ira bien comme ça ! Exemple emblématique avec les universités qui vont recevoir 11 milliards d’euros sans que l’on règle leurs problèmes récurrents et largement connus (népotisme, absence d’autonomie, manque de liens avec l’entreprise, blocages réguliers par des minorités trotskystes, etc) ; qui peut croire que cela va changer quoi que ce soit ? La seule bonne idée est le développement de l’Internet à très haut débit (par fibre optique) où les opérateurs privés apporteront 2 euros pour chaque euro investi par l’Etat, un partenariat efficace pour une vraie technologie d’avenir. L’Etat a un rôle à jouer dans les infrastructures, parfois dans quelques technologies clés, pour le reste c’est du déficit et de la dette…
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Philippe Herlin
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vendredi 11 décembre 2009
La Grèce au pied du mur
Un petit comique le nouveau ministre des finances grec Georges Papaconstantinou, car voici ce qu’il déclare après la dégradation de la dette publique de la Grèce par Fitch (et la «mise sous surveillance» de la part des autres agences de notation) : «Le jugement de Fitch nous fait du mal, parce que c'est un signal de perte de crédibilité. Or elle n'est pas de notre faute. Elle est due au passé». Bah voyons, mais la dette elle-même c’est «du passé», des dépenses qui ont été engagées, payées, réglées, et alors, il faudrait l’oublier, faire une croix dessus ? Il faudrait aussi oublier les magouilles de la comptabilité publique grecque pour entrer dans l’euro, et celles des derniers mois où le déficit budgétaire est subitement passé de 6 à 12 % du PIB, comme le rappel Eric Le Boucher dans Slate ? La dette c’est justement cela, du passé possédant une force inexorable, l’inertie inéluctable des mauvaises décisions, l’addition constamment représentée sous votre nez des erreurs passées, quand tous les politiciens veulent se tourner uniquement vers l’avenir, le champ de tous les beaux discours et des promesses payées à crédit. On comprend le dépit du ministre grec qui, à peine arrivé en poste, doit se coltiner une facture démesurée au lieu de faire le beau dans les médias. Alors que doit faire l’Europe ? Aider la Grèce, au risque d’avaliser ses mensonges comptables et son incapacité à se réformer, ou la laisser tomber pour garantir le sérieux de l’euro, mais au risque de provoquer un «effet Lehman Brothers» qui déclencherait une crise bien plus grave ? Sacré dilemme…
Interview du ministre des finances de la Grèce, Le Figaro
L’arnaque grecque, Eric Le Boucher, Slate
Non à un sauvetage européen pour les états mal gérés ! Vincent Bénard
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Interview du ministre des finances de la Grèce, Le Figaro
L’arnaque grecque, Eric Le Boucher, Slate
Non à un sauvetage européen pour les états mal gérés ! Vincent Bénard
Philippe Herlin
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mercredi 9 décembre 2009
La dette publique française : risques, fausses solutions et perspectives
> Mon intervention du 8 décembre 2009 à l’Assemblée Nationale dans le cadre des «Rendez-vous parlementaires du contribuable» de Contribuables associés (contribuables.org)
1) Les risques
On connaît le rythme d’accélération de la dette publique, je n’y reviendrai pas, je parlerai ici des risques associés à la dette, des fausses solutions et des perspectives envisageables.
Je commencerai en évoquant deux risques, la plupart du temps négligés.
Le premier risque est le fait que les deux tiers de notre dette sont détenus par des non-résidents. Cette part est en forte augmentation, ce chiffre était de 50 % en 2005 et seulement 12 % en 1998 !
Pour comparer, la part des non résidents est quasiment nulle pour le Japon, de 25 % pour les Etats-Unis (en 2007). Soit dit en passant, quand on entend souvent dire que la Chine finance la dette des Etats-Unis, c’est largement exagéré : les non-résidents représentent un quart des détenteurs, et parmi eux la Chine arrive en tête avec un quart de cette part, soit au total (un quart de un quart) soit un peu plus de 6 %. Remettons les choses en place, l’économie américaine peut absorber les trois quart de la dette publique et la Chine représente un poids certes important mais tout de même pas vital.
Pour la France la part des non-résidents s’élève aux deux tiers ce qui, pour le coup nous rend très dépendant des investisseurs étrangers.
Alors bien sûr, jusqu’ici tout va bien et nos émissions obligataires sont largement souscrites. Mais si une défiance envers la signature de la France venait à apparaitre, cela nous mettrait immédiatement en situation de faillite puisque notre économie ne pourrait pas suppléer d’un coup à ces investisseurs étrangers. Il y a donc ici une fragilité très grande qu’il faut prendre en compte, au-delà du montant de la dette.
Le second risque, lié à celui que nous venons de voir, concerne notre notation. Triple A actuellement, c’est la meilleure possible, très bien. Mais son importance est cruciale car il faut savoir que la plupart des banques centrales et des fonds de pension dans le monde ont l’obligation statutaire de placer leurs fonds dans des placements notés AAA. Or, nous venons de le voir, nous dépendons beaucoup d’investisseurs étrangers, qui n’hésiteront pas à nous rayer de leurs listes en cas de rétrogradation, alors que les institutions financières nationales peuvent subir d’amicales pressions du pouvoir…
Et les déficits de la France inquiètent les agences de notation… Dernière en date, l’agence Fitch a déclaré le 10 novembre : «Nous avons des craintes au sujet de la France. Nous voyons une détérioration sensible des déficits fiscaux en France, une certaine pression commence à s'y faire sentir».
A partir de là, quel serait le scénario envisageable d’une remise en cause de notre AAA ? Certains d’entre vous ont certainement lu « Le jour où la France a fait faillite » de Philippe Jaffré et Philippe Riès, paru en 2006. Dans cette fiction, ou ce roman d’anticipation, la note de la France est progressivement dégradée, jusqu’à un niveau qui déclenche la rupture de confiance des investisseurs dans le monde.
Avec ce scénario, au moins a-t-on le temps de réagir et de mettre en place des réponses politiques et économiques. Mais je ne crois pas que cela va se passer de cette façon, il suffit de voir l’affaire de la faillite de Dubaï. Car un enseignement à bien noter concernant la faillite de Dubaï c’est que les agences de notation sont les dernières à réagir, alors que leur métier consiste plutôt à anticiper les problèmes de solvabilité ! C’est comme pour les Subprimes qui étaient notées AAA jusqu’à ce que tout le monde se rende compte que ça ne valait plus grand-chose.
Il se passera la même chose pour la dette de la France, du Royaume-Uni ou d’un autre grand pays. Aucune agence n’osera prendre les devants même si elle a toutes les informations en main, c’est politiquement trop chaud (et, selon une source perso, les agences de notation sont largement noyautées par d’anciens salariés des banques centrales…). Les agences de notation attendront l’incident de paiement pour rétrograder la note, et nous serons mis devant le fait accompli. C’est aussi un risque important à prendre en compte.
2) L’autre dette
Je dirai un mot sur l’autre dette, car la dette publique c’est essentiellement celle de l’Etat, mais aussi celle des collectivités locales, et des organismes sociaux.
Concernant la CADES je signale un fait qui me semble hallucinant, puisqu’elle emprunte, pour un cinquième de sa dette, en dollars ! Pourquoi la CADES ne s’endette-t-elle pas uniquement en euros (comme l’AFT qui gère la dette de l’Etat) ? Certes ces emprunts en devises sont couverts contre le risque de change sur toute la durée par un swap, mais toute couverture à un coût. Maintenant l’avantage est évident, un emprunt en dollars émanant d’une structure notée AAA se place sans difficulté auprès d’investisseurs américains. L’opération possède certainement sa rationalité, mais à l’heure où tout le monde se plaint de l'hégémonie du dollar et où, en Europe, on cherche à contrebalancer cette influence avec l’euro, on ne manque pas d’être étonné de voir un organisme public français contribuer à la prépondérance de la monnaie américaine.
Deuxième remarque, dans l’indifférence générale, l’Unedic vient d’emprunter, et pas qu’un peu, 4 milliards d’euros. On reste confondu par la légèreté du directeur général de l’Unedic, Jean-Luc Berard, qui affirme : «les difficultés financières de l'Assurance chômage, essentiellement conjoncturelles, devraient se résorber avec la reprise économique», comme si de rien n’était ! Hormis le fait que le retour rapide à la croissance d’avant la crise est très optimiste, de toute façon il faudra rembourser cet emprunt, ce qui ponctionnera les cotisations chômages futures.
3) Les fausses solutions
Face à cette dette et à son emballement, il y a plusieurs fausses solutions à écarter.
La première est la distinction déficit structurel/déficit conjoncturel. Le ministère des finances divise le déficit prévu en 2010 en un «déficit structurel» de 45 milliards d’euros et un «déficit de crise» de 96 milliards d’euros (57 milliards de baisse des recettes fiscales + 39 milliards du plan de relance). Sous entendu, lorsque la reprise sera revenue, ce déficit de crise s’évanouira comme par enchantement.
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…Et mécaniquement, le poste « service de la dette » va augmenter, ce qui accroîtra la force d’inertie du déficit.
Une autre fausse solution, qui confine l’imposture, est la notion d’actifs publics dont le montant serait, selon l’Insee, supérieur à la dette publique, c’est formidable on peut encore s’endetter ! Mais quels sont-ils ces actifs publics ? Citons l’Insee : « Il s’agit essentiellement de bâtiments non résidentiels (bureaux, écoles, hôpitaux...), d’ouvrages de travaux publics (routes...) et surtout de leurs terrains sous-jacents. Ce patrimoine non financier est principalement détenu par les administrations publiques locales en conséquence de la politique de décentralisation engagée à partir de 1982.»
Bien, mais la dette, c’est surtout celle de l’Etat, les collectivités locales étant, pour le moment relativement peu endettées. Or ces actifs appartiennent aux collectivités locales ! S’il voulait «réaliser» ces actifs pour payer sa dette, l’Etat devrait donc (par une loi qui serait à la limite d’un coup d’état) commencer par dépouiller les communes, départements et régions de leurs écoles, collèges et lycées, infrastructures routières, hôpitaux etc, pour ensuite les vendre à des investisseurs et des fonds de placements. Et ainsi l’éducation nationale et l’hôpital devraient payer un loyer aux nouveaux acquéreurs pour continuer de fonctionner, certaines routes départementales et des ponts deviendraient payants, etc. Les Français deviendraient des locataires de leur propre pays ! Et ils paieraient deux fois les mêmes équipements, par leurs impôts puis par des redevances ou des impôts supplémentaires.
Il s’agit là d’une arnaque, disons le clairement. Les seuls actifs publics à considérer sont les parts détenues dans les sociétés publiques et privées, qui peuvent être cédées sur le marché, et leur montant est faible par rapport à la dette. La valeur de portefeuille des participations cotées de l’Etat s’élève à 103 milliards d’euros (rapport du sénateur Jean-Pierre Fourcade du 19 novembre 2009).
Troisième mauvaise réponse, le Grand emprunt. Sous un emballage séduisant où l’on annonce investir dans la recherche, l’innovation, les nouvelles énergies, etc, on s’aperçoit que les 35 milliards d’investissement vont passer par la tuyauterie déjà largement percée et inefficace d’organismes publics existants comme l’ANR (Agence nationale de la recherche), ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), Oséo (aide aux PME), Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). On déplore l’absence de tout dispositif fiscal ou réglementaire pour encourager l’initiative privée.
En fait on constate que, hormis les 10 milliards pour les campus, ce sont dans tous les cas des dépenses à coup de 1 à 2 milliards par ci ou par là (biotechnologies, nucléaire, aérospatial, transport collectif, isolation, véhicules électriques, etc) qui auraient pu être réalisées dans le cadre du budget normal de l’Etat, si celui-ci avait engagé un programme d’économie ! Le Grand emprunt traduit surtout l’incapacité de l’Etat à se réformer.
Il y a, dans le rapport, il faut le noter, de la poudre aux yeux puisqu’on veut nous faire croire à la rentabilité économique de ces dépenses. Le rapport affirme : « Les dépenses d’investissement retenues par la Commission donnent lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Les autres dépenses sont accompagnées d’une exigence de retour. » (pages 15, 25). Mais lorsque l’on regarde ce « retour » dans le détail de chaque projet, on a le plus souvent ces phrases : « La rentabilité de cet investissement est d’ordre socio-économique » ou aussi « en cas de succès économique »… Interdit de rire. Le seul organisme public important qui prend des participations, le FSI (Fonds stratégique d’investissement), ne sera doté que d’un milliard d’euros ! Mais il faut bien vendre le Grand emprunt aux députés et à l’opinion.
4) A quand le krach ?
La question que l’on peut se poser maintenant c’est quand le krach de la dette va-t-il se produire ?
Eh bien en fait on ne peut pas savoir, et quand on saura il sera trop tard !
On ne peut pas savoir parce que cela dépend de la confiance des investisseurs internationaux, c'est-à-dire de quelque chose d’insaisissable. Il peut arriver qu’un beau jour une tranche d’emprunt ne soit pas souscrite à 100 % - ce qui en soi n’est pas catastrophique - mais une défiance généralisée se propagera et le risque associé à la dette de la France explosera. Cela conduira, on l’a vu, les agences de notation à nous faire perdre notre AAA, ce qui nous amènera très vite à l’insolvabilité, du fait que les deux tiers de notre dette sont placés à l’étranger, et donc que notre économie ne peut pas compenser. La fragilité de notre situation nous explosera alors à la figure.
Ce n’est pas de la science-fiction, la presse s’est fait récemment l’écho d’un rapport de la Société Générale envisageant, comme scénario possible, une crise de surendettement des Etats dans une économie anémiée, déclenchant un « effondrement global ». Il faut donc agir rapidement.
5) Les perspectives
Quelles solutions peut-on envisager ?
Il faut réduire la dette et cela passe par la réduction du déficit budgétaire, sans oublier celui de la Sécurité sociale.
Cela passe notamment par le renforcement du rôle du Parlement.
Quelles actions concrètes les députés pourraient-ils entreprendre ? Je ne parle pas des mesures d’économie proprement dites, la liste serait longue, et ce n’est pas le sujet, mais du rôle du Parlement face à la dette publique.
Le Parlement peut indiquer une direction, fixer un objectif. On connait l’exemple de l’Allemagne : à partir de 2016, le déficit du gouvernement fédéral ne pourra pas dépasser 0,35% du PIB, et à partir de 2020, les déficits dans les Länder seront proscrits. C’est un objectif ambitieux mais il a été soutenu à la fois par la CDU et le SPD, alors pourquoi pas en France, rêvons un peu !
On en a parlé au début, le fait que les deux tiers de la dette sont détenus par des non-résidents. Mais il faut signaler que l’on n’a aucune information supplémentaire. Pour le tiers détenu par les résidents, on connaît la répartition entre les OPCVM, les établissements de crédits, etc. Pour les deux tiers détenus par les non-résidents on n’a aucune information, on ignore quels sont les principaux pays détenteurs ou les types d’institutions financières. Cette information est par exemple tout à fait publique aux Etats-Unis. Une action que pourrait entreprendre les députés consisterait à interroger à ce sujet le ministère des finances ou le directeur général de l’AFT (Agence France Trésor). Le simple fait que cette information soit cachée pose problème et empêche d’y voir plus clair.
On a parlé du Grand emprunt qui, soi disant, donnera lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Sur cet élément, fondamental pour la logique du dispositif, il faut demander des éléments précis et chiffrés (voir ce que ça a donné avec l’Oséo, études statistiques, etc) afin de démonter cet effet d’annonce et de le remettre en cause de l’intérieur le Grand emprunt (c’est la faille du rapport).
Il faudrait aussi mettre son nez dans la gestion de la dette sociale dont la Cour des comptes a récemment critiqué la gestion. Ainsi la dette de la Sécurité sociale est gérée par trois organismes, la CADES, mais aussi par l’ACOSS et le FFIPSA ! La CADES, on l’a vu, s’endette pour un cinquième en dollars, une décision hallucinante. Par ailleurs l’Unedic vient de lever 4 milliards dans l’indifférence générale, alors que cela devrait être interdit par principe, on va faire payer nos allocations chômage par nos enfants ! On leur fait déjà payer notre santé avec la dette de la Sécu, ça continue !
Il faut plus fondamentalement renforcer le contrôle du Parlement sur la dépense publique. Je me rappelle d’une initiative du député Jean-Michel Fourgous visant à permettre aux députés de pouvoir auditer les comptes dans les ministères, il l’a présenté à plusieurs reprises et l’exécutif l’a toujours repoussée. Il serait peut être temps de remettre sur le tapis une telle initiative, et d’invoquer l’urgence nationale face à la dette pour que le gouvernement s’y associe, ce serait un pas important.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
1) Les risques
On connaît le rythme d’accélération de la dette publique, je n’y reviendrai pas, je parlerai ici des risques associés à la dette, des fausses solutions et des perspectives envisageables.
Je commencerai en évoquant deux risques, la plupart du temps négligés.
Le premier risque est le fait que les deux tiers de notre dette sont détenus par des non-résidents. Cette part est en forte augmentation, ce chiffre était de 50 % en 2005 et seulement 12 % en 1998 !
Pour comparer, la part des non résidents est quasiment nulle pour le Japon, de 25 % pour les Etats-Unis (en 2007). Soit dit en passant, quand on entend souvent dire que la Chine finance la dette des Etats-Unis, c’est largement exagéré : les non-résidents représentent un quart des détenteurs, et parmi eux la Chine arrive en tête avec un quart de cette part, soit au total (un quart de un quart) soit un peu plus de 6 %. Remettons les choses en place, l’économie américaine peut absorber les trois quart de la dette publique et la Chine représente un poids certes important mais tout de même pas vital.
Pour la France la part des non-résidents s’élève aux deux tiers ce qui, pour le coup nous rend très dépendant des investisseurs étrangers.
Alors bien sûr, jusqu’ici tout va bien et nos émissions obligataires sont largement souscrites. Mais si une défiance envers la signature de la France venait à apparaitre, cela nous mettrait immédiatement en situation de faillite puisque notre économie ne pourrait pas suppléer d’un coup à ces investisseurs étrangers. Il y a donc ici une fragilité très grande qu’il faut prendre en compte, au-delà du montant de la dette.
Le second risque, lié à celui que nous venons de voir, concerne notre notation. Triple A actuellement, c’est la meilleure possible, très bien. Mais son importance est cruciale car il faut savoir que la plupart des banques centrales et des fonds de pension dans le monde ont l’obligation statutaire de placer leurs fonds dans des placements notés AAA. Or, nous venons de le voir, nous dépendons beaucoup d’investisseurs étrangers, qui n’hésiteront pas à nous rayer de leurs listes en cas de rétrogradation, alors que les institutions financières nationales peuvent subir d’amicales pressions du pouvoir…
Et les déficits de la France inquiètent les agences de notation… Dernière en date, l’agence Fitch a déclaré le 10 novembre : «Nous avons des craintes au sujet de la France. Nous voyons une détérioration sensible des déficits fiscaux en France, une certaine pression commence à s'y faire sentir».
A partir de là, quel serait le scénario envisageable d’une remise en cause de notre AAA ? Certains d’entre vous ont certainement lu « Le jour où la France a fait faillite » de Philippe Jaffré et Philippe Riès, paru en 2006. Dans cette fiction, ou ce roman d’anticipation, la note de la France est progressivement dégradée, jusqu’à un niveau qui déclenche la rupture de confiance des investisseurs dans le monde.
Avec ce scénario, au moins a-t-on le temps de réagir et de mettre en place des réponses politiques et économiques. Mais je ne crois pas que cela va se passer de cette façon, il suffit de voir l’affaire de la faillite de Dubaï. Car un enseignement à bien noter concernant la faillite de Dubaï c’est que les agences de notation sont les dernières à réagir, alors que leur métier consiste plutôt à anticiper les problèmes de solvabilité ! C’est comme pour les Subprimes qui étaient notées AAA jusqu’à ce que tout le monde se rende compte que ça ne valait plus grand-chose.
Il se passera la même chose pour la dette de la France, du Royaume-Uni ou d’un autre grand pays. Aucune agence n’osera prendre les devants même si elle a toutes les informations en main, c’est politiquement trop chaud (et, selon une source perso, les agences de notation sont largement noyautées par d’anciens salariés des banques centrales…). Les agences de notation attendront l’incident de paiement pour rétrograder la note, et nous serons mis devant le fait accompli. C’est aussi un risque important à prendre en compte.
2) L’autre dette
Je dirai un mot sur l’autre dette, car la dette publique c’est essentiellement celle de l’Etat, mais aussi celle des collectivités locales, et des organismes sociaux.
Concernant la CADES je signale un fait qui me semble hallucinant, puisqu’elle emprunte, pour un cinquième de sa dette, en dollars ! Pourquoi la CADES ne s’endette-t-elle pas uniquement en euros (comme l’AFT qui gère la dette de l’Etat) ? Certes ces emprunts en devises sont couverts contre le risque de change sur toute la durée par un swap, mais toute couverture à un coût. Maintenant l’avantage est évident, un emprunt en dollars émanant d’une structure notée AAA se place sans difficulté auprès d’investisseurs américains. L’opération possède certainement sa rationalité, mais à l’heure où tout le monde se plaint de l'hégémonie du dollar et où, en Europe, on cherche à contrebalancer cette influence avec l’euro, on ne manque pas d’être étonné de voir un organisme public français contribuer à la prépondérance de la monnaie américaine.
Deuxième remarque, dans l’indifférence générale, l’Unedic vient d’emprunter, et pas qu’un peu, 4 milliards d’euros. On reste confondu par la légèreté du directeur général de l’Unedic, Jean-Luc Berard, qui affirme : «les difficultés financières de l'Assurance chômage, essentiellement conjoncturelles, devraient se résorber avec la reprise économique», comme si de rien n’était ! Hormis le fait que le retour rapide à la croissance d’avant la crise est très optimiste, de toute façon il faudra rembourser cet emprunt, ce qui ponctionnera les cotisations chômages futures.
3) Les fausses solutions
Face à cette dette et à son emballement, il y a plusieurs fausses solutions à écarter.
La première est la distinction déficit structurel/déficit conjoncturel. Le ministère des finances divise le déficit prévu en 2010 en un «déficit structurel» de 45 milliards d’euros et un «déficit de crise» de 96 milliards d’euros (57 milliards de baisse des recettes fiscales + 39 milliards du plan de relance). Sous entendu, lorsque la reprise sera revenue, ce déficit de crise s’évanouira comme par enchantement.
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…Et mécaniquement, le poste « service de la dette » va augmenter, ce qui accroîtra la force d’inertie du déficit.
Une autre fausse solution, qui confine l’imposture, est la notion d’actifs publics dont le montant serait, selon l’Insee, supérieur à la dette publique, c’est formidable on peut encore s’endetter ! Mais quels sont-ils ces actifs publics ? Citons l’Insee : « Il s’agit essentiellement de bâtiments non résidentiels (bureaux, écoles, hôpitaux...), d’ouvrages de travaux publics (routes...) et surtout de leurs terrains sous-jacents. Ce patrimoine non financier est principalement détenu par les administrations publiques locales en conséquence de la politique de décentralisation engagée à partir de 1982.»
Bien, mais la dette, c’est surtout celle de l’Etat, les collectivités locales étant, pour le moment relativement peu endettées. Or ces actifs appartiennent aux collectivités locales ! S’il voulait «réaliser» ces actifs pour payer sa dette, l’Etat devrait donc (par une loi qui serait à la limite d’un coup d’état) commencer par dépouiller les communes, départements et régions de leurs écoles, collèges et lycées, infrastructures routières, hôpitaux etc, pour ensuite les vendre à des investisseurs et des fonds de placements. Et ainsi l’éducation nationale et l’hôpital devraient payer un loyer aux nouveaux acquéreurs pour continuer de fonctionner, certaines routes départementales et des ponts deviendraient payants, etc. Les Français deviendraient des locataires de leur propre pays ! Et ils paieraient deux fois les mêmes équipements, par leurs impôts puis par des redevances ou des impôts supplémentaires.
Il s’agit là d’une arnaque, disons le clairement. Les seuls actifs publics à considérer sont les parts détenues dans les sociétés publiques et privées, qui peuvent être cédées sur le marché, et leur montant est faible par rapport à la dette. La valeur de portefeuille des participations cotées de l’Etat s’élève à 103 milliards d’euros (rapport du sénateur Jean-Pierre Fourcade du 19 novembre 2009).
Troisième mauvaise réponse, le Grand emprunt. Sous un emballage séduisant où l’on annonce investir dans la recherche, l’innovation, les nouvelles énergies, etc, on s’aperçoit que les 35 milliards d’investissement vont passer par la tuyauterie déjà largement percée et inefficace d’organismes publics existants comme l’ANR (Agence nationale de la recherche), ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), Oséo (aide aux PME), Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). On déplore l’absence de tout dispositif fiscal ou réglementaire pour encourager l’initiative privée.
En fait on constate que, hormis les 10 milliards pour les campus, ce sont dans tous les cas des dépenses à coup de 1 à 2 milliards par ci ou par là (biotechnologies, nucléaire, aérospatial, transport collectif, isolation, véhicules électriques, etc) qui auraient pu être réalisées dans le cadre du budget normal de l’Etat, si celui-ci avait engagé un programme d’économie ! Le Grand emprunt traduit surtout l’incapacité de l’Etat à se réformer.
Il y a, dans le rapport, il faut le noter, de la poudre aux yeux puisqu’on veut nous faire croire à la rentabilité économique de ces dépenses. Le rapport affirme : « Les dépenses d’investissement retenues par la Commission donnent lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Les autres dépenses sont accompagnées d’une exigence de retour. » (pages 15, 25). Mais lorsque l’on regarde ce « retour » dans le détail de chaque projet, on a le plus souvent ces phrases : « La rentabilité de cet investissement est d’ordre socio-économique » ou aussi « en cas de succès économique »… Interdit de rire. Le seul organisme public important qui prend des participations, le FSI (Fonds stratégique d’investissement), ne sera doté que d’un milliard d’euros ! Mais il faut bien vendre le Grand emprunt aux députés et à l’opinion.
4) A quand le krach ?
La question que l’on peut se poser maintenant c’est quand le krach de la dette va-t-il se produire ?
Eh bien en fait on ne peut pas savoir, et quand on saura il sera trop tard !
On ne peut pas savoir parce que cela dépend de la confiance des investisseurs internationaux, c'est-à-dire de quelque chose d’insaisissable. Il peut arriver qu’un beau jour une tranche d’emprunt ne soit pas souscrite à 100 % - ce qui en soi n’est pas catastrophique - mais une défiance généralisée se propagera et le risque associé à la dette de la France explosera. Cela conduira, on l’a vu, les agences de notation à nous faire perdre notre AAA, ce qui nous amènera très vite à l’insolvabilité, du fait que les deux tiers de notre dette sont placés à l’étranger, et donc que notre économie ne peut pas compenser. La fragilité de notre situation nous explosera alors à la figure.
Ce n’est pas de la science-fiction, la presse s’est fait récemment l’écho d’un rapport de la Société Générale envisageant, comme scénario possible, une crise de surendettement des Etats dans une économie anémiée, déclenchant un « effondrement global ». Il faut donc agir rapidement.
5) Les perspectives
Quelles solutions peut-on envisager ?
Il faut réduire la dette et cela passe par la réduction du déficit budgétaire, sans oublier celui de la Sécurité sociale.
Cela passe notamment par le renforcement du rôle du Parlement.
Quelles actions concrètes les députés pourraient-ils entreprendre ? Je ne parle pas des mesures d’économie proprement dites, la liste serait longue, et ce n’est pas le sujet, mais du rôle du Parlement face à la dette publique.
Le Parlement peut indiquer une direction, fixer un objectif. On connait l’exemple de l’Allemagne : à partir de 2016, le déficit du gouvernement fédéral ne pourra pas dépasser 0,35% du PIB, et à partir de 2020, les déficits dans les Länder seront proscrits. C’est un objectif ambitieux mais il a été soutenu à la fois par la CDU et le SPD, alors pourquoi pas en France, rêvons un peu !
On en a parlé au début, le fait que les deux tiers de la dette sont détenus par des non-résidents. Mais il faut signaler que l’on n’a aucune information supplémentaire. Pour le tiers détenu par les résidents, on connaît la répartition entre les OPCVM, les établissements de crédits, etc. Pour les deux tiers détenus par les non-résidents on n’a aucune information, on ignore quels sont les principaux pays détenteurs ou les types d’institutions financières. Cette information est par exemple tout à fait publique aux Etats-Unis. Une action que pourrait entreprendre les députés consisterait à interroger à ce sujet le ministère des finances ou le directeur général de l’AFT (Agence France Trésor). Le simple fait que cette information soit cachée pose problème et empêche d’y voir plus clair.
On a parlé du Grand emprunt qui, soi disant, donnera lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Sur cet élément, fondamental pour la logique du dispositif, il faut demander des éléments précis et chiffrés (voir ce que ça a donné avec l’Oséo, études statistiques, etc) afin de démonter cet effet d’annonce et de le remettre en cause de l’intérieur le Grand emprunt (c’est la faille du rapport).
Il faudrait aussi mettre son nez dans la gestion de la dette sociale dont la Cour des comptes a récemment critiqué la gestion. Ainsi la dette de la Sécurité sociale est gérée par trois organismes, la CADES, mais aussi par l’ACOSS et le FFIPSA ! La CADES, on l’a vu, s’endette pour un cinquième en dollars, une décision hallucinante. Par ailleurs l’Unedic vient de lever 4 milliards dans l’indifférence générale, alors que cela devrait être interdit par principe, on va faire payer nos allocations chômage par nos enfants ! On leur fait déjà payer notre santé avec la dette de la Sécu, ça continue !
Il faut plus fondamentalement renforcer le contrôle du Parlement sur la dépense publique. Je me rappelle d’une initiative du député Jean-Michel Fourgous visant à permettre aux députés de pouvoir auditer les comptes dans les ministères, il l’a présenté à plusieurs reprises et l’exécutif l’a toujours repoussée. Il serait peut être temps de remettre sur le tapis une telle initiative, et d’invoquer l’urgence nationale face à la dette pour que le gouvernement s’y associe, ce serait un pas important.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
mardi 8 décembre 2009
La rigueur c’est pour bientôt…
Il y un homme qui a actuellement peut être plus de pouvoir en France que le Président de la République… c’est le responsable des dettes souveraines chez Moody’s (et son homologue chez Standards & Poor’s). Pierre Cailleteau en l’occurrence (qui a sa fiche sur LinkedIn, on ne sait jamais) vient de donner, à l’occasion d’une conférence de presse, quelques avertissements. L'année 2010 sera «tumultueuse», prévient-il, car les banques centrales vont progressivement mettre fin à leurs injections de liquidités dans l'économie réelle, faisant de facto remonter les taux d'intérêts de la dette des Etats. Il poursuit : «Les économies souveraines notées Aaa ne pourront pas attendre que la reprise soit bel et bien au rendez-vous pour présenter, voire mettre en œuvre, des plans de sortie de crise visant à réduire leurs déficits, car les marchés vont s'impatienter». Les marchés vont s’impatienter... Et ce sont eux qui financent les déficits budgétaires. Il ne voit cependant pas de faillite de ces Etats car ils peuvent «préempter la richesse des habitants», on adore. Bien alors on va juste attendre les élections régionales de mars, pour sauver les apparences, mais après c’est promis, M’sieur, on fait de la rigueur !
La dette des pays riches est-elle encore sûre ? L’Expansion
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
La dette des pays riches est-elle encore sûre ? L’Expansion
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
vendredi 4 décembre 2009
La Grèce joue au poker menteur
Intéressant article du Figaro à propos de la situation tendue de la Grèce face à sa dette publique puisque le texte contredit totalement le titre ! «La Grèce est assurée de trouver un sauveur qui lui évitera la faillite» annonce l’article avant d’énumérer quatre points qui rendent ce sauvetage impossible… Premièrement le traité de Maastricht interdit en effet toute procédure de renflouement des dettes d’un Etat – ce qui est clair – même s’il envisage, il est vrai, une aide en cas «d’événements exceptionnels», mais il n’y a là rien d’automatique. Deuxièmement l’aide du FMI est possible mais ni Jean-Claude Trichet ni le ministre des finances grec ne veulent en entendre parler. Troisièmement la Chine serait prête à souscrire à la dette grecque mais à condition de pouvoir avancer ses pions dans les frontières du pays, en l’occurrence de renforcer son emprise sur le port du Pirée, un actif économique de valeur (la Chine ferait en Grèce ce qu’elle fait actuellement en Afrique, bravo les Grecs) ; soit, mais cela n’implique absolument pas que la Chine viendrait au secours d’une banqueroute du pays ! Quatrièmement le gouverneur de la Banque centrale d’Athènes a déclaré que «Si la dégradation de la dette grecque continue, nous allons nous retrouver dans la position terrifiante de ne pouvoir obtenir de liquidités, car la BCE n'acceptera plus nos titres en collatéral», ce qui fera s’écrouler le système bancaire du pays… Il joue à faire peur, et après ?
En réalité, dans ce jeu de poker menteur entre la Grèce et l’Union européenne, les Grecs sont convaincus que l’Europe ne les laissera pas tomber. Résultat : ils ne font aucun effort pour améliorer leur situation, en se disant que le moment venu on viendra à leur secours. L’Irlande, qui est aussi gravement touchée par la crise, elle, se prend en main, serre les boulons, fait le maximum pour maintenir sa compétitivité et a diminué le salaire de ses fonctionnaires. Une mesure inimaginable en Grèce, royaume d’une fonction publique pléthorique et de syndicats aussi puissants qu’archaïques, et démocratie à la limite du népotisme où les familles Papandréou et Karamanlis se partagent le pouvoir depuis quarante ans. «Aide toi et le ciel t’aidera» dit le proverbe, et que les Grecs devraient entendre.
La Grèce est assurée de trouver un sauveur qui lui évitera la faillite, Le Figaro
L'Irlande adopte un budget de crise, Le Figaro
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
En réalité, dans ce jeu de poker menteur entre la Grèce et l’Union européenne, les Grecs sont convaincus que l’Europe ne les laissera pas tomber. Résultat : ils ne font aucun effort pour améliorer leur situation, en se disant que le moment venu on viendra à leur secours. L’Irlande, qui est aussi gravement touchée par la crise, elle, se prend en main, serre les boulons, fait le maximum pour maintenir sa compétitivité et a diminué le salaire de ses fonctionnaires. Une mesure inimaginable en Grèce, royaume d’une fonction publique pléthorique et de syndicats aussi puissants qu’archaïques, et démocratie à la limite du népotisme où les familles Papandréou et Karamanlis se partagent le pouvoir depuis quarante ans. «Aide toi et le ciel t’aidera» dit le proverbe, et que les Grecs devraient entendre.
La Grèce est assurée de trouver un sauveur qui lui évitera la faillite, Le Figaro
L'Irlande adopte un budget de crise, Le Figaro
Philippe Herlin
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jeudi 3 décembre 2009
'La dette de la France' dans les 20 premiers blogs économiques !
En exclusivité, voici le premier classement des blogs économiques réalisé par Wikio, 'La dette de la France' est 14e !
mardi 1 décembre 2009
L’évolution du Service de la dette
Intéressant rapport du sénateur Jean-Pierre Fourcade dans le cadre du Projet de loi de finance 2010 puisqu’il fait un focus sur la charge de la dette. Précisons qu’on ne parle ici que de la dette de l’Etat, qui représente 80 % de la dette publique totale au sens de Maastricht (il faut rajouter les collectivités locales et les organismes sociaux).
L’évolution de la charge de la dette, ou du Service de la dette, dépend de trois facteurs :
- Le stock de la dette bien sûr, qui augmente chaque année du montant du déficit budgétaire, et cet élément pousse bien sûr à la hausse du Service de la dette.
- L’inflation, dont la baisse, à laquelle on assiste actuellement, contribue à alléger le service de la dette ; « La sensibilité de la charge de la dette à l'inflation s'explique notamment par la charge d'indexation des OAT indexées, qui représentaient 15 % de l'encours total de dette à la fin de 2008 et probablement 13 % de ce total à la fin 2009. »
- Les taux d’intérêt, dont la baisse à laquelle on assiste en ce moment, contribue à alléger le coût de la dette. Mais une remontée des taux se paierait évidemment très chère, le rapport estimant qu’une remontée de 1 % en 2010 coûterait 2,5 milliards de plus.
Quoi qu’il en soit, les baisses conjuguées de l’inflation et des taux d’intérêt depuis la crise de septembre 2008 compensent actuellement l’augmentation du stock de la dette puisqu’en 2009 le Service de la dette se monte à 38,5 milliards, contre 44,5 en 2008, 39,6 en 2007 et 38,9 en 2006. Pour 2010 il est prévu à 42,5 milliards.
Conclusion étonnante : pour l’instant, l’explosion du déficit budgétaire lié à la crise ne coûte quasiment rien à l’Etat dans son budget (le poste Service de la dette en 2009 reste au même niveau que 2006) ! C’est indolore (et cela explique sans doute en partie la volonté d’en profiter encore plus en faisant le Grand emprunt, mais c’est un calcul à courte vue). Mais attention au retour de manivelle si l’inflation et les taux repartent à la hausse. Et, de toute façon, l’augmentation du stock de la dette va imprimer son inertie.
Les sénateurs en sont conscients et inscrivent dans l’entête de leur rapport que « La qualité de la signature de la France lui permet de se financer aux meilleures conditions. Mais le maintien de cet avantage est conditionné au redressement des finances publiques à moyen terme. Il est nécessaire d'adresser des signaux en ce sens à nos partenaires et aux acteurs de marché.» C’est exactement le discours des agences de notation. Il ne reste plus qu’à traduire cela dans les faits…
PLF 2010, engagements financiers de l’Etat, Jean-Pierre Fourcade, Sénat
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
L’évolution de la charge de la dette, ou du Service de la dette, dépend de trois facteurs :
- Le stock de la dette bien sûr, qui augmente chaque année du montant du déficit budgétaire, et cet élément pousse bien sûr à la hausse du Service de la dette.
- L’inflation, dont la baisse, à laquelle on assiste actuellement, contribue à alléger le service de la dette ; « La sensibilité de la charge de la dette à l'inflation s'explique notamment par la charge d'indexation des OAT indexées, qui représentaient 15 % de l'encours total de dette à la fin de 2008 et probablement 13 % de ce total à la fin 2009. »
- Les taux d’intérêt, dont la baisse à laquelle on assiste en ce moment, contribue à alléger le coût de la dette. Mais une remontée des taux se paierait évidemment très chère, le rapport estimant qu’une remontée de 1 % en 2010 coûterait 2,5 milliards de plus.
Quoi qu’il en soit, les baisses conjuguées de l’inflation et des taux d’intérêt depuis la crise de septembre 2008 compensent actuellement l’augmentation du stock de la dette puisqu’en 2009 le Service de la dette se monte à 38,5 milliards, contre 44,5 en 2008, 39,6 en 2007 et 38,9 en 2006. Pour 2010 il est prévu à 42,5 milliards.
Conclusion étonnante : pour l’instant, l’explosion du déficit budgétaire lié à la crise ne coûte quasiment rien à l’Etat dans son budget (le poste Service de la dette en 2009 reste au même niveau que 2006) ! C’est indolore (et cela explique sans doute en partie la volonté d’en profiter encore plus en faisant le Grand emprunt, mais c’est un calcul à courte vue). Mais attention au retour de manivelle si l’inflation et les taux repartent à la hausse. Et, de toute façon, l’augmentation du stock de la dette va imprimer son inertie.
Les sénateurs en sont conscients et inscrivent dans l’entête de leur rapport que « La qualité de la signature de la France lui permet de se financer aux meilleures conditions. Mais le maintien de cet avantage est conditionné au redressement des finances publiques à moyen terme. Il est nécessaire d'adresser des signaux en ce sens à nos partenaires et aux acteurs de marché.» C’est exactement le discours des agences de notation. Il ne reste plus qu’à traduire cela dans les faits…
PLF 2010, engagements financiers de l’Etat, Jean-Pierre Fourcade, Sénat
Philippe Herlin
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vendredi 27 novembre 2009
Un enseignement de la faillite de Dubaï
Un enseignement à bien noter concernant la faillite de Dubaï : les agences de notation sont les dernières à réagir, alors que leur métier consiste précisément à anticiper les problèmes de solvabilité! L’émirat de Dubaï ne possède pas de ressources pétrolières contrairement à ses voisins, il parie sur l’immobilier, le tourisme de luxe et la finance, trois secteurs touchés de plein fouet par la crise. Les projets sont en plus extrêmement coûteux, financés à crédit et, allons-y, complètement débiles (une tour de plus de 800 mètres, une île artificielle en forme de palmier !). Et alors ? Rien, les agences ne bougent pas, ne rétrogradent pas, n’émettent pas d’avertissement. Il faut attendre qu’un fonds géré par le gouvernement annonce qu’il ne peut plus faire face à ses échéances, que la panique se diffuse sur les bourses pour que Standard & Poor’s et Moody’s réagissent, merci. C’est comme pour les Subprimes qui étaient notées AAA jusqu’à ce que tout le monde se rende compte que ça ne valait plus grand-chose. Et une remarque hors sujet au passage, qu’on arrête de nous gonfler avec la «finance islamique», soi-disant plus sage et plus raisonnable, parce que là tous les records du délire financier ont été battus.
Il se passera la même chose pour la dette de la France, des Etats-Unis ou d’un autre grand pays. Aucune agence n’osera prendre les devants même si elle a toutes les informations en main, c’est politiquement trop chaud (et, selon une source perso, les agences de notation sont largement noyautées par d’anciens salariés des banques centrales…). Les agences attendront l’incident de paiement pour bouger et seuls ceux qui sont bien informés auront retiré leurs billes avant… Nous ne serons pas dans le schéma du livre de Philippe Jaffré et Philippe Riès (Le jour où la France a fait faillite, Grasset 2006) dans lequel la note de la France était progressivement abaissée, cela viendra par surprise.
L'émirat de Dubaï au bord de la faillite, Le Figaro
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Il se passera la même chose pour la dette de la France, des Etats-Unis ou d’un autre grand pays. Aucune agence n’osera prendre les devants même si elle a toutes les informations en main, c’est politiquement trop chaud (et, selon une source perso, les agences de notation sont largement noyautées par d’anciens salariés des banques centrales…). Les agences attendront l’incident de paiement pour bouger et seuls ceux qui sont bien informés auront retiré leurs billes avant… Nous ne serons pas dans le schéma du livre de Philippe Jaffré et Philippe Riès (Le jour où la France a fait faillite, Grasset 2006) dans lequel la note de la France était progressivement abaissée, cela viendra par surprise.
L'émirat de Dubaï au bord de la faillite, Le Figaro
Philippe Herlin
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mercredi 25 novembre 2009
Inquiétudes sur la Grèce
La Grèce au bord de la banqueroute ? Le pays conjugue un déficit budgétaire très important (12 % du PIB) avec une récession (- 1,1 % en 2009) quand les autres pays de la zone euro arrivent, avec un déficit moindre, à éviter une baisse du PIB… Le premier ministre lui-même, Georges Papandréou, agite la menace de la banqueroute. Rien de tel pour affoler encore plus les acteurs financiers ! Mais il s’agit sans doute pour lui d’appeler l’Europe à la rescousse et de se protéger politiquement. Une banqueroute de la Grèce aurait-elle des conséquences sur l’euro lui-même et donc sur les autres pays, la France, l’Allemagne ? Sans doute mais difficile à savoir, la faillite d’un Etat bénéficiant d’une monnaie commune s’est-il déjà présenté dans l’histoire ? Bref, on verra.
Des inquiétudes sur la Grèce dans Le Monde et le Telegraph
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Des inquiétudes sur la Grèce dans Le Monde et le Telegraph
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
lundi 23 novembre 2009
L’Unedic s’y met !
C’est tellement facile, plutôt que de se serrer la ceinture, plutôt que de réformer, empruntons et on verra plus tard ! L’Etat fait cela depuis 1975, les collectivités locales s’y sont mises avec la décentralisation, la Sécurité sociale, qui voit son déficit exploser, s’y met. Eh bien maintenant c’est au tour de l’Unedic, pour 4 milliards d’euros ! Plutôt que d’affronter les problèmes, on les reporte, comme l’indique le directeur général de l’organisme : «les partenaires sociaux [ce sont eux qui dirigent l’Unedic, hum…] ont préféré recourir à l'emprunt plutôt que de modifier le niveau des cotisations ou le montant des allocations, ce qui aurait pénalisé les employeurs, les salariés ou les chômeurs». Mais il ne faut pas s’inquiéter, l’Unedic va avoir le triple A (bien sûr, les organismes sociaux sont garantis par l’Etat) et, attention, on cite de nouveau le DG «les difficultés financières de l'Assurance chômage, essentiellement conjoncturelles, devraient se résorber avec la reprise économique», et hop le tour est joué. Hormis le fait que le retour rapide à la croissance d’avant la crise est très optimiste, de toute façon il faudra rembourser cet emprunt, ce qui ponctionnera les cotisations chômages futures. Euh… pas grave, il suffira de faire un autre emprunt…
L’Unedic prévoit de recourir à l’emprunt, Easybourse
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
L’Unedic prévoit de recourir à l’emprunt, Easybourse
Philippe Herlin
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vendredi 20 novembre 2009
L’esbroufe du rapport sur le Grand emprunt
La commission Juppé-Rocard a rendu son rapport sur les «investissements d’avenir» (35 milliards) que devra financer le Grand emprunt. L’emballage est séduisant, il reprend, il est vrai, toutes les idées à la mode sur les secteurs considérés comme prometteurs, comme en témoigne les sept axes retenus (page 14):
1) Soutenir l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation
2) Favoriser le développement de PME innovantes
3) Accélérer le développement des sciences du vivant
4) Développer les énergies décarbonées et l’efficacité dans la gestion des ressources
5) Faire émerger la ville de demain
6) Inventer la mobilité du futur
7) Investir dans la société numérique
Mais ce sont des idées à la mode, qui peuvent changer plus vite qu’on ne le pense. En 2005 Jean-Louis Borloo promettait la création d’un demi-million d’emplois sur trois ans dans les «services à la personne», on connaît le flop de ce secteur, qui ne figure même plus dans le présent rapport.
Et il y a plus grave. Quand on enlève l’emballage et que l’on se plonge dans le corps du rapport, on s’aperçoit que les 35 milliards d’investissement vont passer par la tuyauterie déjà largement percée et inefficace d’organismes publics existants comme l’ANR (Agence nationale de la recherche), ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), Oséo (aide aux PME), Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : « Pour l’essentiel, la Commission s’appuie sur des organismes publics existants pour réaliser les investissements d’avenir retenus. Par exception et pour accompagner la mise en œuvre des grands objectifs d’investissements, il est proposé de créer une agence des campus d’excellence, une agence pour les énergies renouvelables et une agence pour le numérique » (page 43). Il n’y a aucun dispositif fiscal ou réglementaire pour encourager l’initiative privée, tout repose sur des structures publiques, qui sont déjà surnuméraires et dont le fonctionnement est régulièrement dénoncé par la Cour des comptes ou des organismes indépendants.
On va même en créer une avec l’Agence nationale des campus d’excellence qui aura pour mission de : « Soutenir la transformation d’un nombre limité (cinq à dix) de groupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche (indépendamment de leur statut : universités, grandes écoles, fondations de coopération scientifique…) en institutions pluridisciplinaires de dimension et de réputation mondiales, avec l’objectif de les faire figurer dans les cinquante premiers des différents classements mondiaux et du futur classement européen, et d’en faire entrer deux dans les vingt premiers » (page 56). On admire la précision concernant les classements ! Mais tout de même, 10 milliards pour cela… La question qu’il aurait fallu se poser c’est, compte tenu des moyens déjà importants consacrés aux universités, pourquoi nous n’y sommes pas parvenus ? Mais là il faudrait se s’interroger sur le fonctionnement de l’enseignement supérieur, entreprendre des réformes de structure, et cela les pouvoirs en place (à l’Etat comme à l’université) ne veulent pas en entendre parler. Donc on fait ce que l’on fait depuis toujours, on injecte de l’argent !
De la même façon, le rapport préconise d’« Instituer des bourses permettant d’attirer ou de faire revenir en France des post-doctorants et des chercheurs de renommée internationale » (page 60). Mais pourquoi sont-ils partis ? Le rapport propose de l’argent (de 500 k€ à 1 M€ par chaire au maximum), ce qui est une façon un peu méprisante de voir le problème (il faut aussi tenir compte de la lenteur de progression des carrières, du manque de liens avec les entreprises, etc).
Mais la véritable esbroufe du rapport consiste à faire croire à la rentabilité économique de ces dépenses. Le rapport affirme : « Les dépenses d’investissement retenues par la Commission donnent lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Les autres dépenses sont accompagnées d’une exigence de retour. Dans tous les cas, les dépenses choisies sont porteuses d’une rentabilité directe (dividendes, royalties, intérêts…) ou indirecte (recettes fiscales induites par une activité économique accrue) pour l’État et de bénéfices socio-économiques pour la collectivité. » (pages 15, 25). Mais lorsque l’on regarde ce « retour » dans le détail de chaque projet, on a le plus souvent ces phrases : « La rentabilité de cet investissement est d’ordre socio-économique » ou aussi « en cas de succès économique »… Interdit de rire. Mais il faut bien vendre le Grand emprunt aux députés et à l’opinion.
Par exemple, le rapport préconise la création d’un « fonds national de valorisation des projets innovants » doté de 1 milliard d’euros qui « pourrait prendre des participations dans des structures de valorisation à hauteur de 10 % de son capital initial chaque année au maximum, jusqu’à épuisement de ses capacités. L’objectif est en effet que les structures de valorisation atteignent un équilibre financier après une dizaine d’années, grâce aux revenus générés par les licences concédées et par les prises de participation » (pages 70-71)… Qui peut croire une telle annonce qui ne s’appuie, dans le rapport, sur aucune étude ou estimation chiffrée ?
Si l’Etat peut avoir un rôle c’est dans les infrastructures, mais il n’y a rien dans le rapport, hormis 2 milliards pour développer le très haut débit, ce qui est une bonne idée, mais la somme est, pour le coup, largement insuffisante. On note d’ailleurs, dans le domaine numérique, également 2 milliards pour développer les usages et les contenus numériques, comme si c’était à l’Etat de le faire !
En fait on constate que, hormis les 10 milliards pour les campus, ce sont dans tous les cas des dépenses à coup de 1 à 2 milliards par ci ou par là (biotechnologies, nucléaire, aérospatial, transport collectif, isolation, véhicules électriques, etc) qui auraient pu être réalisées dans le cadre du budget normal de l’Etat, si celui-ci avait engagé un programme d’économie ! Le Grand emprunt traduit surtout l’incapacité de l’Etat à se réformer.
Sous l’emballage séduisant, ce Grand emprunt n’est qu’un budget bis qui ne fera qu’accroître le déficit sans relancer la croissance.
Grand emprunt : le rapport de la commission Juppé-Rocard
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
1) Soutenir l’enseignement supérieur, la recherche, l’innovation
2) Favoriser le développement de PME innovantes
3) Accélérer le développement des sciences du vivant
4) Développer les énergies décarbonées et l’efficacité dans la gestion des ressources
5) Faire émerger la ville de demain
6) Inventer la mobilité du futur
7) Investir dans la société numérique
Mais ce sont des idées à la mode, qui peuvent changer plus vite qu’on ne le pense. En 2005 Jean-Louis Borloo promettait la création d’un demi-million d’emplois sur trois ans dans les «services à la personne», on connaît le flop de ce secteur, qui ne figure même plus dans le présent rapport.
Et il y a plus grave. Quand on enlève l’emballage et que l’on se plonge dans le corps du rapport, on s’aperçoit que les 35 milliards d’investissement vont passer par la tuyauterie déjà largement percée et inefficace d’organismes publics existants comme l’ANR (Agence nationale de la recherche), ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine), Oséo (aide aux PME), Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) : « Pour l’essentiel, la Commission s’appuie sur des organismes publics existants pour réaliser les investissements d’avenir retenus. Par exception et pour accompagner la mise en œuvre des grands objectifs d’investissements, il est proposé de créer une agence des campus d’excellence, une agence pour les énergies renouvelables et une agence pour le numérique » (page 43). Il n’y a aucun dispositif fiscal ou réglementaire pour encourager l’initiative privée, tout repose sur des structures publiques, qui sont déjà surnuméraires et dont le fonctionnement est régulièrement dénoncé par la Cour des comptes ou des organismes indépendants.
On va même en créer une avec l’Agence nationale des campus d’excellence qui aura pour mission de : « Soutenir la transformation d’un nombre limité (cinq à dix) de groupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche (indépendamment de leur statut : universités, grandes écoles, fondations de coopération scientifique…) en institutions pluridisciplinaires de dimension et de réputation mondiales, avec l’objectif de les faire figurer dans les cinquante premiers des différents classements mondiaux et du futur classement européen, et d’en faire entrer deux dans les vingt premiers » (page 56). On admire la précision concernant les classements ! Mais tout de même, 10 milliards pour cela… La question qu’il aurait fallu se poser c’est, compte tenu des moyens déjà importants consacrés aux universités, pourquoi nous n’y sommes pas parvenus ? Mais là il faudrait se s’interroger sur le fonctionnement de l’enseignement supérieur, entreprendre des réformes de structure, et cela les pouvoirs en place (à l’Etat comme à l’université) ne veulent pas en entendre parler. Donc on fait ce que l’on fait depuis toujours, on injecte de l’argent !
De la même façon, le rapport préconise d’« Instituer des bourses permettant d’attirer ou de faire revenir en France des post-doctorants et des chercheurs de renommée internationale » (page 60). Mais pourquoi sont-ils partis ? Le rapport propose de l’argent (de 500 k€ à 1 M€ par chaire au maximum), ce qui est une façon un peu méprisante de voir le problème (il faut aussi tenir compte de la lenteur de progression des carrières, du manque de liens avec les entreprises, etc).
Mais la véritable esbroufe du rapport consiste à faire croire à la rentabilité économique de ces dépenses. Le rapport affirme : « Les dépenses d’investissement retenues par la Commission donnent lieu à la constitution d’actifs à hauteur de près de 60 %. Les autres dépenses sont accompagnées d’une exigence de retour. Dans tous les cas, les dépenses choisies sont porteuses d’une rentabilité directe (dividendes, royalties, intérêts…) ou indirecte (recettes fiscales induites par une activité économique accrue) pour l’État et de bénéfices socio-économiques pour la collectivité. » (pages 15, 25). Mais lorsque l’on regarde ce « retour » dans le détail de chaque projet, on a le plus souvent ces phrases : « La rentabilité de cet investissement est d’ordre socio-économique » ou aussi « en cas de succès économique »… Interdit de rire. Mais il faut bien vendre le Grand emprunt aux députés et à l’opinion.
Par exemple, le rapport préconise la création d’un « fonds national de valorisation des projets innovants » doté de 1 milliard d’euros qui « pourrait prendre des participations dans des structures de valorisation à hauteur de 10 % de son capital initial chaque année au maximum, jusqu’à épuisement de ses capacités. L’objectif est en effet que les structures de valorisation atteignent un équilibre financier après une dizaine d’années, grâce aux revenus générés par les licences concédées et par les prises de participation » (pages 70-71)… Qui peut croire une telle annonce qui ne s’appuie, dans le rapport, sur aucune étude ou estimation chiffrée ?
Si l’Etat peut avoir un rôle c’est dans les infrastructures, mais il n’y a rien dans le rapport, hormis 2 milliards pour développer le très haut débit, ce qui est une bonne idée, mais la somme est, pour le coup, largement insuffisante. On note d’ailleurs, dans le domaine numérique, également 2 milliards pour développer les usages et les contenus numériques, comme si c’était à l’Etat de le faire !
En fait on constate que, hormis les 10 milliards pour les campus, ce sont dans tous les cas des dépenses à coup de 1 à 2 milliards par ci ou par là (biotechnologies, nucléaire, aérospatial, transport collectif, isolation, véhicules électriques, etc) qui auraient pu être réalisées dans le cadre du budget normal de l’Etat, si celui-ci avait engagé un programme d’économie ! Le Grand emprunt traduit surtout l’incapacité de l’Etat à se réformer.
Sous l’emballage séduisant, ce Grand emprunt n’est qu’un budget bis qui ne fera qu’accroître le déficit sans relancer la croissance.
Grand emprunt : le rapport de la commission Juppé-Rocard
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
mercredi 18 novembre 2009
Grand emprunt : le gouvernement recule
Bonne nouvelle, le gouvernement ne fera finalement pas appel aux Français pour souscrire le Grand emprunt, mais recourra uniquement au marché. Pressentant un bide, que nous appelions de tous nos vœux dans cette note, le gouvernement se rend compte que l’endettement devient impopulaire. Très bien. Mais ce n’est pas terminé, attendons le résultat des fumeuses élucubrations de nos têtes pensantes concernant les «dépenses d’avenir» pour porter l’estocade et remettre en cause l’emprunt lui-même, ou au moins le réduire le plus possible. Ensuite le gouvernement pourra s’occuper de son «travail d’avenir» : réduire les dépenses de l’Etat.
Grand emprunt : pour Lagarde, le recours exclusif aux marchés est une "bonne décision", Les Echos
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Grand emprunt : pour Lagarde, le recours exclusif aux marchés est une "bonne décision", Les Echos
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
mardi 10 novembre 2009
Inquiétudes sur le triple A de la dette française
Fitch, l’une des trois agences de notation avec Standard & Poor’s et Moody’s, fait officiellement part de ses craintes sur les dettes anglaises et françaises. Le «triple A» (la meilleure note possible) de ces deux pays est menacé par l’ampleur de leurs déficits publics. L’analyste de Fitch annonce clairement la couleur : «Nous avons des craintes au sujet de la France. Nous voyons une détérioration sensible des déficits fiscaux en France, une certaine pression commence à s'y faire sentir». Et une dégradation aurait immédiatement de graves conséquences, comme nous l’avons indiqué dans cette note. Au lieu de nous vendre le stupide «Grand emprunt», le gouvernement ferait mieux de s’attaquer sérieusement au déficit budgétaire ! Le ministre du budget, d’habitude si prompt à endormir Bruxelles sur un «retour à l’équilibre du budget de la France dans les années à venir» reconnait lui-même que la situation est très difficile (Les Echos). Au travail !
Le triple A britannique menacé par les déficits publics /Fitch
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Le triple A britannique menacé par les déficits publics /Fitch
Philippe Herlin
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samedi 7 novembre 2009
Dettes publiques : scénarios noirs
Le niveau d’endettement des Etats commence sérieusement à inquiéter la communauté financière comme en témoigne une étude de la Société Générale qui envisage un «scénario du pire». Sans toutefois aller jusqu’à un krach obligataire, la SG envisage une «décennie perdue» à la japonaise. Parmi les solutions proposées pour réduire la dette «outre l'augmentation des impôts, SG suggère de nouvelles vagues de privatisations, la réduction des dépenses publiques, et la dévaluation des devises». La dernière est impossible (la BCE se l’interdit), la troisième improbable (spécialement en France, avec son système social que le monde entier nous envie), la seconde très limitée dans son montant, reste l’augmentation des impôts…
Le temps risque de s’accélérer, les banques centrales annoncent en effet vouloir réduire leurs «facilités» monétaires. Le temps des largesses semble révolu ce qui - couplé justement aux inquiétudes sur les dettes des Etats - pourrait amener une hausse des taux d’intérêts longs et ainsi faire exploser la charge de la dette dans les comptes des Etats.
Dette publique: le scénario du pire, selon SG, e24
World’s Central Banks Signal End to Policy ‘Largesse’, Bloomberg
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Le temps risque de s’accélérer, les banques centrales annoncent en effet vouloir réduire leurs «facilités» monétaires. Le temps des largesses semble révolu ce qui - couplé justement aux inquiétudes sur les dettes des Etats - pourrait amener une hausse des taux d’intérêts longs et ainsi faire exploser la charge de la dette dans les comptes des Etats.
Dette publique: le scénario du pire, selon SG, e24
World’s Central Banks Signal End to Policy ‘Largesse’, Bloomberg
Philippe Herlin
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mercredi 4 novembre 2009
La dette sociale est mal gérée
L’assemblée nationale publie un intéressant rapport sur la dette sociale, la dette de la sécurité sociale, gérée essentiellement par la CADES, mais aussi par l’ACOSS et le FFIPSA. On y a notamment confirmation que la CADES s’endette pour un cinquième en dollars (page 58), comme nous l’avions expliqué dans cette note. Le rapport dénonce la juxtaposition des différents organismes de gestion de trésorerie des caisses qui empêche toute mutualisation et renchérit donc le coût de la dette sociale (tableau 23 page 64). Il pointe également l’exposition au risque de taux (page 62) : la part de la dette à taux variable pour la CADES s’élève à 32 % ! et par ailleurs «les émissions nouvelles de titres CADES sont affectées par l’élargissement des écarts de taux entre signatures publiques», c'est-à-dire que l’on note un accroissement du spread avec les OAT ; une défiance du marché plutôt inquiétante (et le fait que la CADES s'endette pour partie en dollars est une façon de reconnaître ces difficultés). Le rapport conclut sur les «perspectives très préoccupantes» de la gestion de la dette sociale, compte tenu de l’explosion du déficit du régime général (20 milliards en 2009).
La gestion des découverts de trésorerie et le financement de la dette sociale, Assemblée Nationale
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
La gestion des découverts de trésorerie et le financement de la dette sociale, Assemblée Nationale
Philippe Herlin
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vendredi 30 octobre 2009
Un million de fonctionnaires en plus pour rien !
La «meilleure» façon, si l’on ose dire, d’augmenter les déficits et la dette consiste à embaucher des fonctionnaires qui n’ont pas de réelle utilité, c’est autant de salaires et de retraites à verser obligatoirement, sans réels revenus ou avantages en regard, la force d’inertie sur les comptes publics est énorme. Eh bien c’est ce qu’a fait la France entre 1980 et aujourd’hui avec cette grande idée que le monde entier nous envie, la décentralisation (lancée en 1981). C’est ce que nous apprend la Cour des comptes. L’Etat transfère des compétences aux régions et aux départements, donc avec le personnel qui va avec ? Que nenni, les collectivités locales embauchent, et l’Etat aussi ! Les communes créent des communautés d’agglomérations pour mettre en commun certaines missions (ramassage scolaire, traitement de l’eau, déchets, etc), donc en y transférant les personnels concernés ? Que nenni, les communes gardent leurs agents pendant que les structures intercommunales embauchent à tour de bras ! Un exemple anecdotique, le Conseil économique et social, tout le monde le sait, ne sert à rien… même pas grave, créons-en un dans chaque région ! Etc, etc. Résultat, un million de fonctionnaires en plus, pour rien.
La décentralisation ratée de l’Etat, Le Cri du contribuable
Les rapports thématiques de la Cour des comptes
Pour info, mon interview vidéo pour Le Cri du contribuable
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
La décentralisation ratée de l’Etat, Le Cri du contribuable
Les rapports thématiques de la Cour des comptes
Pour info, mon interview vidéo pour Le Cri du contribuable
Philippe Herlin
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lundi 26 octobre 2009
Une forte dépendance vis-à-vis des non-résidents…
Nous avions indiqué dans l’une des premières notes de ce blog le fait que les deux-tiers de la dette publique sont détenus par les non-résidents, ce qui place la France dans une forte dépendance vis-à-vis de l’étranger et des marchés financiers internationaux. Cette donnée est presque aussi importante, et inquiétante, que le niveau de la dette lui-même. Cette information commence heureusement à se diffuser dans les médias comme en témoigne cet article du site e24 «A qui profite la dette de la France ?». Aux Etats-Unis cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur n’est que de 28 %. On comprend dès lors qu’une perte de confiance (suite à la perte de la note AAA par exemple) ou qu’une crise financière internationale rendrait très problématique le financement de la dette française, et le spectre de la faillite très réel. Cette ouverture à l’extérieur, qui permet de placer facilement tous nos emprunts, pourrait se retourner contre nous !
A qui profite la dette de la France ? e24
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
A qui profite la dette de la France ? e24
Philippe Herlin
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samedi 24 octobre 2009
Pour un discours de vérité
Les gouvernements nous assurent, et veulent se convaincre, d’une reprise rapide qui effacera les traces de la crise. La distinction qu’opère Bercy entre un déficit structurel et un déficit de crise est à cet égard révélatrice de cette méthode Coué (voir cette note). Patrick Artus, directeur de la recherche économique à Natixis, a le mérite de taper du poing sur la table et d’interpeller ces gouvernements :
«Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés :
- à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables…), d'où un chômage durablement très élevé ;
- à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ;
- à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ;
- à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ;
- au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ;
- à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ;
- à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, avec le chômage élevé, les délocalisations…»
Ne se limitant pas à l’imprécation, il propose des perspectives :
«La seule solution constructive à cette masse de problèmes n'est pas d'amplifier les politiques contracycliques mais :
- d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat ;
- de construire les entreprises et les secteurs qui créeront de nouveaux emplois durables.»
Il dénonce également la folle ronde des déficits, qui ne font que créer d’autres bulles :
«Les politiques monétaires très expansionnistes ne font repartir ni le crédit ni la demande intérieure, puisqu'il y a besoin de désendettement, et contribuent seulement à l'excès de liquidité mondiale qui génère des bulles sur les prix des actifs (actions, matières premières).»
Sera-t-il entendu ? On l’espère mais on en doute…
Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens, Patrick Artus, Natixis
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
«Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés :
- à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables…), d'où un chômage durablement très élevé ;
- à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ;
- à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ;
- à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ;
- au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ;
- à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ;
- à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, avec le chômage élevé, les délocalisations…»
Ne se limitant pas à l’imprécation, il propose des perspectives :
«La seule solution constructive à cette masse de problèmes n'est pas d'amplifier les politiques contracycliques mais :
- d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat ;
- de construire les entreprises et les secteurs qui créeront de nouveaux emplois durables.»
Il dénonce également la folle ronde des déficits, qui ne font que créer d’autres bulles :
«Les politiques monétaires très expansionnistes ne font repartir ni le crédit ni la demande intérieure, puisqu'il y a besoin de désendettement, et contribuent seulement à l'excès de liquidité mondiale qui génère des bulles sur les prix des actifs (actions, matières premières).»
Sera-t-il entendu ? On l’espère mais on en doute…
Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens, Patrick Artus, Natixis
Philippe Herlin
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lundi 19 octobre 2009
L’Etat fait du crédit revolving !
La dette publique ce n’est pas un unique emprunt que l’on devra rembourser en totalité un jour bien sûr, l’Etat émet en réalité un flux continu d’emprunts sur le marché financier pour se refinancer, et ce flux est lissé au maximum de façon à éviter les à-coups (c’est l’AFT qui fait ce travail, et très bien d’ailleurs). L’explosion du déficit budgétaire pour 2008 et 2009 se traduit ainsi par une hausse du «service de la dette» (remboursement intérêts + capital) de quelques milliards «seulement» pourrait-on dire. Ce mécanisme de l’endettement contribue à son addiction par les autorités publiques, les charges d’un fort déficit pèsent peu sur le prochain budget, ce sont surtout les prochains gouvernements qui paieront la facture !
C’est le même mécanisme que le crédit revolving pour les ménages: vous achetez un écran plat et un sofa et vos remboursements mensuels augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, formidable ! Vous multipliez donc les achats et, finalement, vous vous retrouvez surendettés. Ce crédit facile est à l’origine d’une grande proportion des cas de surendettement des ménages. Le mécanisme économique et, pourrait-on dire, psychologique, est le même pour l’Etat. Les 140 milliards de déficit du budget 2009 se traduisent, concrètement, par quelques milliards de plus à rembourser tous les ans (le poste «service de la dette» dans le budget de l'Etat).
Dans un récent rapport, le député Gilles Carrez évalue à 54,6 milliards ce service de la dette (pour l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales) : «Les intérêts versés sur la dette publique représentaient 54,6 milliards d’euros en 2008, dont 45 milliards d’euros pour la dette de l’État (en comptabilité nationale), 5,2 milliards d’euros pour la dette des collectivités territoriales et 3,9 milliards d’euros pour les organismes divers d’administration centrale (parmi lesquels figure la CADES).» Il estime qu’il pourrait atteindre 80 milliards en 2012 ! 80 milliards de déficit annuel sans avoir bougé le petit doigt. Et voilà comment on étrangle progressivement les capacités budgétaires de la France.
La charge de la dette va progresser de 20 milliards d'euros d'ici à 2012, Les Echos
Rapport Carrez pour la loi de finance 2010
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
C’est le même mécanisme que le crédit revolving pour les ménages: vous achetez un écran plat et un sofa et vos remboursements mensuels augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, formidable ! Vous multipliez donc les achats et, finalement, vous vous retrouvez surendettés. Ce crédit facile est à l’origine d’une grande proportion des cas de surendettement des ménages. Le mécanisme économique et, pourrait-on dire, psychologique, est le même pour l’Etat. Les 140 milliards de déficit du budget 2009 se traduisent, concrètement, par quelques milliards de plus à rembourser tous les ans (le poste «service de la dette» dans le budget de l'Etat).
Dans un récent rapport, le député Gilles Carrez évalue à 54,6 milliards ce service de la dette (pour l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales) : «Les intérêts versés sur la dette publique représentaient 54,6 milliards d’euros en 2008, dont 45 milliards d’euros pour la dette de l’État (en comptabilité nationale), 5,2 milliards d’euros pour la dette des collectivités territoriales et 3,9 milliards d’euros pour les organismes divers d’administration centrale (parmi lesquels figure la CADES).» Il estime qu’il pourrait atteindre 80 milliards en 2012 ! 80 milliards de déficit annuel sans avoir bougé le petit doigt. Et voilà comment on étrangle progressivement les capacités budgétaires de la France.
La charge de la dette va progresser de 20 milliards d'euros d'ici à 2012, Les Echos
Rapport Carrez pour la loi de finance 2010
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
vendredi 9 octobre 2009
Dette, déficit : l’effet boule de neige
On signalera cette très bonne analyse de Jean Peyrelevade dans Les Echos d’aujourd’hui sur l’effet boule de neige de la dette et du déficit. Un point de vue qui bat en brèche l’argumentation de Bercy qui veut distinguer un déficit structurel et un déficit de crise, ce dernier étant purement temporaire, nous avions dénoncé cette entourloupe dans cette note. Peyrelevade démontre qu’avec l’alourdissement de la charge de la dette, une légère remontée des taux d’intérêt et une croissance faible (des hypothèses tout à fait dans la norme et prudentes), le déficit budgétaire va rester de l’ordre de 8 % du PIB dans les années à venir ! Dans le même temps l’Allemagne tendra vers l’équilibre budgétaire à l’horizon 2016 (voir cette note). La situation de la France sera intenable. Et cela montre que notre situation budgétaire est bien plus catastrophique qu’on ne le croit.
Après la dette, la rigueur, Jean Peyrelevade, Les Echos
> Pour information j'ai été interviewé par L'Expansion
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Après la dette, la rigueur, Jean Peyrelevade, Les Echos
> Pour information j'ai été interviewé par L'Expansion
Philippe Herlin
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mercredi 7 octobre 2009
La sécu emprunte en dollars !
Nous avions déjà parlé de la CADES (la structure qui gère la dette de la sécurité sociale) dans cette note et signalé qu’elle s’endettait pour partie en devises, une attitude plutôt étonnante de la part d’un organisme public. A l’époque (avril 2009) le site de l’organisme ne permettait pas d’y voir clair, c’est désormais le cas avec la nouvelle version où l’on apprend que le dollar représente 20 % de l’encours de la dette totale de la CADES (en juin 2008) ! Et ça continue avec le lancement, le 29 juin dernier, d’une émission obligataire de 3 ans d’un milliard de dollars. Pourquoi la CADES ne s’endette-t-elle pas uniquement en euros (comme l’AFT qui gère la dette de l’Etat) ? Certes ces emprunts en devises sont couverts contre le risque de change sur toute la durée par un swap, mais toute couverture à un coût. Maintenant l’avantage est évident, un emprunt en dollars émanant d’une structure notée AAA se place sans difficulté auprès d’investisseurs américains. D’un point de vue strictement financier l’opération possède certainement sa rationalité, mais à l’heure où tout le monde se plaint de l'hégémonie du dollar dans l’économie mondiale et où, en Europe, on cherche à contrebalancer cette influence avec l’euro, on ne manque pas d’être étonné de voir un organisme public français contribuer à la prépondérance de la monnaie américaine.
Répartition de l’encours de dettes par devises, CADES juin 2008
La Cades lance avec succès une nouvelle émission obligataire à 3 ans d'un montant de 1 milliard de dollars US, CADES
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Répartition de l’encours de dettes par devises, CADES juin 2008
La Cades lance avec succès une nouvelle émission obligataire à 3 ans d'un montant de 1 milliard de dollars US, CADES
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
vendredi 2 octobre 2009
Déficit structurel/déficit conjoncturel
Le projet de loi de finance 2010 présente une lecture originale du déficit qui devra être constaté pour l’année 2009, à savoir 141 milliards d’euros, les médias s’en sont largement fait l’écho. En effet, le ministère des finances divise ce déficit en un «déficit structurel» de 45 milliards d’euros et un «déficit de crise» de 96 milliards d’euros (57 milliards de baisse des recettes fiscales + 39 milliards du plan de relance). Sous entendu, lorsque la reprise sera revenue, ce déficit de crise s’évanouira comme par enchantement.
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit. Il s’agissait alors de soutenir la croissance et d’attendre des jours meilleurs, comme aujourd’hui ! Mais la croissance des Trente glorieuses à 5 % n’est jamais revenue et il a fallu se contenter de 2-3 % durant les années 80-90. Et les gouvernements successifs n’ont jamais voulu faire les réformes de structure nécessaires, d’où un déficit récurrent, et l’explosion de la dette depuis cette époque.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance (du gouvernement, du FMI, de l’OCDE, etc) prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…
Il faudrait comprendre qu’une crise ne se réduit pas à une variation d’indices (une vision de comptable de Bercy) mais rebat les cartes entre les industries, les pays, les flux commerciaux, les produits innovants, etc. Et pour s’y adapter et en tirer profit, il faut bénéficier d’une économie souple, innovante et à faible niveau d'imposition, ce qui n’est pas précisément le cas de la France… Ce qui est structurel au gouvernement et à Bercy, c’est cette incapacité à comprendre cela.
Le déficit public atteindra 8,5% du PIB en 2010, La Tribune
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit. Il s’agissait alors de soutenir la croissance et d’attendre des jours meilleurs, comme aujourd’hui ! Mais la croissance des Trente glorieuses à 5 % n’est jamais revenue et il a fallu se contenter de 2-3 % durant les années 80-90. Et les gouvernements successifs n’ont jamais voulu faire les réformes de structure nécessaires, d’où un déficit récurrent, et l’explosion de la dette depuis cette époque.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance (du gouvernement, du FMI, de l’OCDE, etc) prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…
Il faudrait comprendre qu’une crise ne se réduit pas à une variation d’indices (une vision de comptable de Bercy) mais rebat les cartes entre les industries, les pays, les flux commerciaux, les produits innovants, etc. Et pour s’y adapter et en tirer profit, il faut bénéficier d’une économie souple, innovante et à faible niveau d'imposition, ce qui n’est pas précisément le cas de la France… Ce qui est structurel au gouvernement et à Bercy, c’est cette incapacité à comprendre cela.
Le déficit public atteindra 8,5% du PIB en 2010, La Tribune
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
lundi 28 septembre 2009
La moitié du budget de l’Etat en déficit…
Les Echos le rappelle opportunément, le déficit budgétaire (140 milliards d’euros) représente la moitié des dépenses de l’Etat (280 milliards) ! Imaginez un ménage ou une entreprise qui financerait la moitié de ses dépenses par l’emprunt… On ramène la plupart du temps le déficit du budget de l’Etat au PIB de la Nation (c’est l’un des critères de Maastricht, ce déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB), mais c’est un simple point de vue, le PIB n’appartient pas à l’Etat ! Il puise dedans avec ses impôts, mais ça ne lui appartient pas, c’est le travail des Français. En ramenant le déficit à son budget on voit donc que, pour 2009, celui-ci est de 50 %...
Le gouvernement réduit-il ses dépenses ? Que nenni, au prétexte qu’il ne faut pas gêner la reprise, comme si les dépenses de l’Etat créaient de la croissance ! La réduction de ces dépenses devient urgente et le Figaro Magazine propose 50 mesures. Un dossier intéressant, même s’il manque l’abolition des 35 heures qui coûtent 15 milliards par an au budget de l’Etat et aussi certainement quelques autres… il faudra plus de 50 mesures !
A 140 milliards d'euros, le déficit budgétaire représente la moitié des dépenses de l'Etat, Les Echos
50 idées pour économiser 50 milliards en cinq ans, Le Figaro Magazine
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Le gouvernement réduit-il ses dépenses ? Que nenni, au prétexte qu’il ne faut pas gêner la reprise, comme si les dépenses de l’Etat créaient de la croissance ! La réduction de ces dépenses devient urgente et le Figaro Magazine propose 50 mesures. Un dossier intéressant, même s’il manque l’abolition des 35 heures qui coûtent 15 milliards par an au budget de l’Etat et aussi certainement quelques autres… il faudra plus de 50 mesures !
A 140 milliards d'euros, le déficit budgétaire représente la moitié des dépenses de l'Etat, Les Echos
50 idées pour économiser 50 milliards en cinq ans, Le Figaro Magazine
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
mardi 22 septembre 2009
La sécu part en vrille !
La dette publique ce n’est pas uniquement la dette de l’Etat, nous l’avons déjà dit, c’est aussi celle de la Sécurité sociale et celle des collectivités locales. Deux articles intéressants paraissent aujourd’hui, un dans Le Figaro, qui montre que les comptes de la sécu partent complètement en vrille puisque le gouvernement prévoit un découvert de 60 milliards d’euros pour 2010 ! Ce déficit ne serait pas géré par la Cades (mal orthographiée dans l’article) mais par l’Acoss, la banque du régime général (fiche Wikipedia) ; un même déficit géré par deux organismes différents, bonjour la cohérence ! Autre article intéressant, et de fond, dans Rue89 sur les collectivités locales qui, de plus en plus, ont recours à l’emprunt et souvent avec des produits spéculatifs… L’article donne des pistes au citoyen qui voudrait en savoir plus et interroger les collectivités dont il dépend, bravo.
60 milliards d'euros de découvert pour la Sécurité sociale en 2010, Le Figaro
Finances : et si l'on encadrait les collectivités locales ? Rue89
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
60 milliards d'euros de découvert pour la Sécurité sociale en 2010, Le Figaro
Finances : et si l'on encadrait les collectivités locales ? Rue89
Philippe Herlin
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lundi 21 septembre 2009
De la crise financière à la crise de la dette ?
Dans une tribune de Project Syndicate (et reprise dans Les Echos d’aujourd’hui), l’économiste américain Kenneth Rogoff pose bien le problème auquel nous sommes confrontés : le passage de la crise financière à une crise de la dette publique. Les Etats ayant pris sur leurs épaules l’essentiel du choc de la crise bancaire et du ralentissement économique, le poids de la dette publique dans le monde a explosé. Peut être n’a t’on fait que déplacer le problème… La «reprise» actuelle n’est sans doute qu’un palier selon Rogoff. La meilleure façon de prévenir cette nouvelle crise serait de mettre le sujet de la dette publique sur le tapis, notamment au sommet du G20 à Pittsburgh les 24 et 25 septembre, mais on n’en trouva pas trace dans un agenda qui préfère se concentrer sur les paradis fiscaux et les bonus des traders…
De la crise financière à la crise de la dette ? Kenneth Rogoff, Project Syndicate
L’horloge de la dette publique dans le monde, The Economist
Philippe Herlin
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De la crise financière à la crise de la dette ? Kenneth Rogoff, Project Syndicate
L’horloge de la dette publique dans le monde, The Economist
Philippe Herlin
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mercredi 16 septembre 2009
7 milliards pour des fumistes !
Le gouvernement vient de décider d’investir 7 milliards dans le fret de la SNCF. Vous avez bien lu. La branche fret de la SNCF, en déficit permanent, régulièrement en grève, bastion de la CGT et de Sud, incapable de se restructurer, va toucher 7 milliards d’euros de l’Etat d’ici 2020 ! Les cheminots du fret de la SNCF, l’une des pires corporations que l’on puisse trouver en France, peut savourer sa victoire, ses avantages (25 heures/semaine, CE grassement doté, retraites très confortables) vont continuer à être payés par la collectivité. Et - cerise sur le gâteau - l’argent pourrait provenir du «Grand emprunt national» sensé financer les dépenses d’avenir, on ignorait que les bastions syndicaux acharnés à saboter toute réforme puissent représenter l’avenir de la France !
Fret ferroviaire : le gouvernement engage plus de 7 milliards d'euros d'ici à 2020, Les Echos
Le fret SNCF, IFRAP, février 2009
Philippe Herlin
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Fret ferroviaire : le gouvernement engage plus de 7 milliards d'euros d'ici à 2020, Les Echos
Le fret SNCF, IFRAP, février 2009
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lundi 14 septembre 2009
La dette publique, prochaine bulle ?
Dans son dernier livre « La dernière bulle » (Mille et une nuits), Jean-Michel Quatrepoint (journaliste économique passé par Les Echos, La Tribune, Agefi, etc) annonce la prochaine, et peut être dernière bulle (sic), celle de la dette des Etats. Du fait de l’explosion de leur dette, les Etats devront faire face à des contraintes budgétaires extrêmement difficiles à résoudre. Quatrepoint annonce la couleur : « il va falloir titriser les dettes publiques et les dettes corporate, inventer des produits dits structurés et les saupoudrer à nouveau aux quatre coins de la planète. Avec la complicité tacite des Etats, à qui on fera miroiter la possibilité soit d’étaler les dettes dans le temps, soit d’avoir des charges annuelles moins importantes, grâce à des montages qui, au passage, permettront aux banques d’accumuler de nouveaux profits. »
Et l’Italie vient d’entrer dans la danse en commercialisant des futures sur sa dette publique. Bon, bien sûr les produits dérivés ne sont pas néfastes en soi, ils servent à se couvrir contre le risque (l’autre pays européen à les utiliser est l’Allemagne) mais quand le sous jacent devient volatile ou incertain (la dette italienne…) ils deviennent très spéculatifs. L’Italie rend sa dette plus « sexy » en offrant des futures (et donc des occasions de profits supplémentaires pour les banques), mais s’expose plus qu’avant à la spéculation et à la formation de bulles !
« La dernière bulle » Quatrepoint, Cdurable
L'Italie écoule sa dette en préparant une nouvelle bulle financière, Marianne
Addendum du 17/9:
"L’Italie, quant à elle, se prépare à émettre des bonds titrisés au futur sur sa dette publique. Ceci pourrait paraître une bonne idée, si elle n’avait pas été abandonnée en 1999 avec l’adoption de l’Euro, qui devait justement protéger les monnaies qui entraient dans le système de telles fluctuations. Le fait qu’il faille à nouveau émettre des bonds au futur est le signe très net que les effets de l’Euro ne se font plus sentir sur le marché des dettes publiques. En fait, on voit que l’Euro a perdu dans cette crise son principal effet positif, qui était celui de faire converger les rendements des dettes publiques."
Source
Philippe Herlin
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Et l’Italie vient d’entrer dans la danse en commercialisant des futures sur sa dette publique. Bon, bien sûr les produits dérivés ne sont pas néfastes en soi, ils servent à se couvrir contre le risque (l’autre pays européen à les utiliser est l’Allemagne) mais quand le sous jacent devient volatile ou incertain (la dette italienne…) ils deviennent très spéculatifs. L’Italie rend sa dette plus « sexy » en offrant des futures (et donc des occasions de profits supplémentaires pour les banques), mais s’expose plus qu’avant à la spéculation et à la formation de bulles !
« La dernière bulle » Quatrepoint, Cdurable
L'Italie écoule sa dette en préparant une nouvelle bulle financière, Marianne
Addendum du 17/9:
"L’Italie, quant à elle, se prépare à émettre des bonds titrisés au futur sur sa dette publique. Ceci pourrait paraître une bonne idée, si elle n’avait pas été abandonnée en 1999 avec l’adoption de l’Euro, qui devait justement protéger les monnaies qui entraient dans le système de telles fluctuations. Le fait qu’il faille à nouveau émettre des bonds au futur est le signe très net que les effets de l’Euro ne se font plus sentir sur le marché des dettes publiques. En fait, on voit que l’Euro a perdu dans cette crise son principal effet positif, qui était celui de faire converger les rendements des dettes publiques."
Source
Philippe Herlin
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jeudi 10 septembre 2009
Remarque sémantique sur la taxe carbone
Une réflexion sur la « taxe carbone » : le gouvernement nous dit «ne vous inquiétez pas, elle sera entièrement compensée ». Mais c’est le cas de tous les impôts ! Tous les impôts sont reversés aux Français (en salaires des fonctionnaires principalement, puis dans les différents budgets de l’Etat, idem pour la sécu). C’est comme s’il disait « l’impôt sur le revenu, ne vous inquiétez pas, il est compensé », bien sûr, il reversé sous une forme ou sous une autre (salaires, prestations sociales, dépenses d’équipement) aux Français. L’argument est d’autant plus bidon qu’il est interdit, en comptabilité publique française, d’affecter un impôt déterminé à une dépense précise. Et d’ailleurs l’Etat reverse plus que ce qu’il collecte (trop gentil !), et de ce fait il s’endette... L’Etat ne garde rien dans ses poches, l’argent transite par lui. Le problème c’est que nous sommes dans un Etat de plus en plus redistributif, de plus en plus envahissant, omnipotent, décidant à notre place et, bien sûr, taxant la création de richesse pour des dépenses à l’efficacité et à la légitimité douteuses. La taxe carbone est un impôt comme les autres, un de plus, c'est tout.
Philippe Herlin
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mercredi 9 septembre 2009
L’avertissement de Moody’s
L’augmentation de la dette des Etats génère une inquiétude générale, mais elle suscite également des réactions de déni complet chez certains, comme ce chroniqueur américain de Slate qui recommande de ne pas s’en faire. Pour quelle raison ? « Nous pouvons nous permettre d'être plus égoïste vis-à-vis des générations à venir qui seront plus riches et travailleront moins. » ! Il invente l'impôt sur le futur, bravo. Il place sa foi dans un progrès technologique permanent : « L'économie a beau s'effondrer, le déficit se creuser: qu'il pleuve ou qu'il vente, le progrès technologique n'a jamais interrompu sa course, nous proposant une gamme d'options toujours plus large. Même si votre maison a perdu de sa valeur, le nombre d'applications utilisables sur votre téléphone a, lui, sans doute grimpé... » Quelle consolation ! A se demander si ce texte n’est pas un canular.
Plus sérieusement Moody’s annonce qu’elle maintient son triple A pour les pays riches, dont la France. Enfin, le communiqué dit que c’est « probable » et « à court terme »… Et un responsable de l’agence de notation annonce que « Bien qu’encore hautement hypothétique, on peut néanmoins concevoir un scénario où une ou plusieurs importante(s) et riche(s) économie(s) pourrai(en)t perdre sa/leur notation Aaa en raison de la dérive continue des finances publiques, subissant le même sort que le Japon dans les années 1990 ». C’est ce qu’on appelle un avertissement.
Dette des Etats, inutile de s’en faire, Conor Clarke, Slate.fr
Moody's maintient sa note triple A sur les pays riches, e24
En bonus : quelle reprise ? e24
Philippe Herlin
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Plus sérieusement Moody’s annonce qu’elle maintient son triple A pour les pays riches, dont la France. Enfin, le communiqué dit que c’est « probable » et « à court terme »… Et un responsable de l’agence de notation annonce que « Bien qu’encore hautement hypothétique, on peut néanmoins concevoir un scénario où une ou plusieurs importante(s) et riche(s) économie(s) pourrai(en)t perdre sa/leur notation Aaa en raison de la dérive continue des finances publiques, subissant le même sort que le Japon dans les années 1990 ». C’est ce qu’on appelle un avertissement.
Dette des Etats, inutile de s’en faire, Conor Clarke, Slate.fr
Moody's maintient sa note triple A sur les pays riches, e24
En bonus : quelle reprise ? e24
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vendredi 4 septembre 2009
La certification des comptes des collectivités locales
Intéressant article de l’IFRAP qui fait le point sur la mise en route de la certification des comptes des collectivités locales. En effet il importe d’y voir clair dans ce domaine également. On y apprend que « 22% de l’encours global des dettes locales sont constitués de produits «structurés» adossant emprunts et options, dont les conséquences ont récemment été funestes pour une cinquantaine de collectivités. » On hurle contre l’inconséquence des traders en ce moment, mais que dire des responsables de collectivités territoriales qui se sont endettés avec des produits financiers recelant des risques potentiellement très élevés ? Il importe d’y voir clair, et vite !
La certification des comptes des collectivités locales est-elle possible ?, IFRAP
Philippe Herlin
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La certification des comptes des collectivités locales est-elle possible ?, IFRAP
Philippe Herlin
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jeudi 27 août 2009
Le retour du Plan !
Le Président de la République lance une commission de hauts fonctionnaires chargée de déterminer les « dépenses d’avenir » que financera le « grand emprunt national ». Ca ne vous rappelle rien ? C’est le retour du Plan ! Lancé en 1946, le Plan perdra progressivement de son importance jusqu’à disparaître en 1992. Mais le tropisme étatiste en France est bien trop ancré, et nos hauts fonctionnaires si sûr de détenir la vérité, qu’il devait réapparaître un jour ou l’autre. Sous un nouvel habillage sémantique, le revoici ! Soyons certains qu’avec cet outil performant, dont le dernier utilisateur actif fut l’URSS, la France affrontera victorieusement les défis du XXIe siècle.
Pour info, je suis intervenu sur ce sujet sur BFM TV le 26 août entre 19h20 et 19h30.
Grand emprunt : Sarkozy lance les travaux de la commission
La planification en France, Wikipedia
En bonus : « La reprise ? Quelle reprise ? » de Vincent Bénard
Philippe Herlin
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Pour info, je suis intervenu sur ce sujet sur BFM TV le 26 août entre 19h20 et 19h30.
Grand emprunt : Sarkozy lance les travaux de la commission
La planification en France, Wikipedia
En bonus : « La reprise ? Quelle reprise ? » de Vincent Bénard
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lundi 24 août 2009
Deux nouveaux rapports sur la dette
Deux rapports sur l’endettement de la France viennent de paraître, l’un émanant du Sénat, l’autre de l’Assemblée nationale. Pas de révélations à noter, mais des rappels bien documentés sur la situation et les perspectives de l’endettement. Les deux rapports affirment que l’on est à la limite de perdre le contrôle de la situation, pour les comptes de l’Etat mais aussi pour la sécurité sociale. Le Sénat (cf II.B) le dit clairement : « Les niveaux atteints par l'endettement, sous l'effet du financement des mesures de relance, posent aujourd'hui clairement la question d'un éventuel emballement de la dette et de la soutenabilité à moyen terme de nos finances publiques. ». L’Assemblée nationale (cf II.C) considère que « la question essentielle est moins celle du niveau de la dette publique que celle de notre capacité à infléchir son évolution au-delà de 2010 » et que « pour éviter un véritable emballement de la dette après 2010, une réduction drastique du déficit public sera inévitable. » Les élus de la République sont donc parfaitement informés. Prendront-ils les bonnes décisions comme l’Allemagne (voir le billet précédent), ou reporteront-ils le problème à après l’élection présidentielle de 2012 ? Prenons les paris, j’ai ma petite idée…
La France en état d'apesanteur financière : retrouver des repères pour préparer la sortie de crise, Sénat
Rapport d’information préalable au débat d’orientation des finances publiques, Assemblée nationale
Philippe Herlin
La France en état d'apesanteur financière : retrouver des repères pour préparer la sortie de crise, Sénat
Rapport d’information préalable au débat d’orientation des finances publiques, Assemblée nationale
Philippe Herlin
mardi 4 août 2009
L’Allemagne, l’exemple à suivre
Notre ministre du budget affirme vouloir réduire le déficit, l’Allemagne aussi, quelle différence ? De belles paroles d’un côté, soumises à l’agenda politique, le mécanisme le plus contraignant de l’autre : un changement de la constitution. «Les députés allemands ont définitivement adopté, le 12 juin, une loi inscrite dans la Constitution qui fixe un retour à l'équilibre des comptes publics de l'Etat Fédéral et des Länder. A partir de 2016, le déficit du gouvernement fédéral ne pourra pas dépasser 0,35% du PIB. Et à partir de 2020, les déficits dans les Länder seront proscrits. Cette loi entrera en vigueur le 1er janvier 2011.» (e24). La droite (CDU) et la gauche (SPD) se sont entendus sur cette loi très rigoureuse, décidément, concernant la rigueur budgétaire, l’Allemagne est à des années lumière de la France ! Au lieu de faire ce stupide Grand emprunt national (voir cette note), voici la direction dans laquelle il faudrait aller !
L'Allemagne proscrit les déficits publics d'ici à 2016, e24
> Ce blog sera de nouveau actualisé fin août, bonnes vacances à vous !
Philippe Herlin
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L'Allemagne proscrit les déficits publics d'ici à 2016, e24
> Ce blog sera de nouveau actualisé fin août, bonnes vacances à vous !
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jeudi 30 juillet 2009
Les précautions oratoires de Standard & Poor's
Comment parler par antiphrase ? Standard & Poor's le fait avec un tallent inégalé. En effet, l’une des deux grandes agences de notation, avec Moody’s, vient de confirmer la note AAA (la meilleure possible) pour la dette de la France, ouf ! Pour quelles raisons ? Eh bien, tenez vous bien, S&P anticipe «une tendance clairement perceptible à la consolidation budgétaire et à la réduction de la dette». Enorme ! Même Christine Lagarde, éternellement optimiste, ne s’est jamais risquée à dire que la dette diminuerait. Personne ne peut croire à un tel scénario, qui impliquerait des réformes drastiques. Mais, ensuite, vient l’avertissement : «En l'absence de réactions face aux importants déséquilibres budgétaires et à la dette brute relativement élevée après le retour à la croissance économique, les notes de la République française seraient exposées à une pression baissière». Le voici le scénario le plus évident ! Ce qui veut dire que Standard & Poor's envisage, à moyen terme, de dégrader la note de la dette de la France. Que tout cela est dit avec d’infinies précautions !
S&P confirme la note souveraine AAA de la France
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
S&P confirme la note souveraine AAA de la France
Philippe Herlin
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vendredi 24 juillet 2009
Soyons grand seigneur !
Et hop, 1,2 milliard de plus. Comment ? Un cadeau au Cameroun. L’annulation de la totalité de la dette de ce pays envers la France. Soyons grand seigneur, on n’est plus à 1 milliard près ! Avec tout de même une contrepartie : «en échange de la réalisation de projets de développement, définis en commun par Paris et Yaoundé, d'ici 2016», sous entendu les entreprises françaises devront avoir leur part du gâteau. Et en 2016… on annulera de nouveau la dette que le Cameroun ne pourra pas payer. La dette sert aussi à faire tourner des entreprises françaises à l’étranger, pourquoi pas, mais c’est un peu de la cavalerie financière ou du Madoff tout ça…
La France maintient l'aide au Cameroun, Le Figaro
Philippe Herlin
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La France maintient l'aide au Cameroun, Le Figaro
Philippe Herlin
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jeudi 23 juillet 2009
Le rapport annuel 2008 de l’AFT
L’Agence française du Trésor (AFT) vient de mettre en ligne son rapport annuel 2008. Revenons sur un problème fondamental que nous avons signalé dans cette note, le fait que les deux-tiers de la dette de la France sont détenus par des non-résidents (ce qui fragilise notre situation) et, surtout, que l’AFT ne veut pas communiquer sur la répartition des pays détenteurs. Le rapport 2008 ne répond pas à cette question mais il fournit une indication, les pays visités pour faire la promotion des valeurs du Trésor (page 10)... Contrairement aux années 2007 et 2006 (cf rapport annuel 2007), qui concernaient essentiellement les pays développés + BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), on note en 2008 une forte réorientation en faveur des pays pétroliers du Maghreb et du Moyen-Orient (Abou Dhabi, Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Kazakhstan, Lybie, Qatar). Il est vrai qu’avec la crise, les pays ayant des excédents à placer sur le marché des capitaux ne sont plus si nombreux. Ces pays semblent avoir pris une place déterminante dans le placement de notre dette publique. On ne va pas tirer les fils de l’analyse géopolitique (tiens, pourquoi une base militaire française à Abou Dhabi ?), ça nous emmènerait trop loin, on se bornera à noter l’instabilité de ces pays (que des dictatures) et de ces régions et à renouveler notre souhait que la dette publique française diminue et dépende moins de l’étranger pour ne pas s’exposer inutilement aux soubresauts internationaux.
Autrement, à noter également dans le rapport 2008 :
- Le très parlant graphique de la page 18 montrant les écarts de spreads entre les différents pays de la zone euro.
- Le fait que l’AFT utilise des swaps de taux d’intérêt, un produit très spéculatif, mais dans une option de couverture donc à a priori peu risquée, même si la Cour des comptes lui a demandé de mieux contrôler ces risques (pages 27, 56, 59).
Le site de l’Agence française du Trésor (AFT)
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Autrement, à noter également dans le rapport 2008 :
- Le très parlant graphique de la page 18 montrant les écarts de spreads entre les différents pays de la zone euro.
- Le fait que l’AFT utilise des swaps de taux d’intérêt, un produit très spéculatif, mais dans une option de couverture donc à a priori peu risquée, même si la Cour des comptes lui a demandé de mieux contrôler ces risques (pages 27, 56, 59).
Le site de l’Agence française du Trésor (AFT)
Philippe Herlin
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vendredi 17 juillet 2009
Tour de passe-passe sur la SFEF
Nous avions évoqué dans cette note la volonté de l’Etat de sortir la SFEF (structure chargée de lever de l’argent pour aider les banques) du périmètre de la dette publique. Dans un premier temps EUROSTAT et l’INSEE s’y étaient opposés, avec raison. Mais nos brillants technocrates ont finalement réussi à emporter le morceau et à faire revenir l’institut statistique européen sur sa décision. La SFEF sera sortie du périmètre de la dette publique, cette dernière augmentera donc un peu moins vite que prévu… Saluons cette formidable victoire de nos hauts fonctionnaires contre l’endettement de la France et permettons-leur de sabrer le champagne, à crédit bien sûr. Voici une bonne nouvelle pour les vacances, non ?
La dette émise par la SFEF ne sera plus comptabilisée dans la dette publique, Les Echos
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
La dette émise par la SFEF ne sera plus comptabilisée dans la dette publique, Les Echos
Philippe Herlin
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vendredi 10 juillet 2009
Les collectivités locales aussi…
La dette publique de la France c’est surtout celle de l’Etat, mais c’est aussi celle de la sécu (gérée par la CADES) et des collectivités locales. La première explose, la seconde augmente à un rythme accéléré et celle des collectivités locales suit le mouvement avec un léger décalage dans le temps. Selon le rapport 2009 du Comité des finances locales, celles-ci sont confrontées à un «véritable et grave effet de ciseaux» : les dépenses, notamment sociales (les départements gèrent le RMI) augmentent et les recettes baissent (effondrement des droits de mutation). Conséquence : on stoppe les embauches ? on mutualise pour baisser les coûts (les régions gèrent les lycées, les département les collèges…) ? on diminue les frais de communication (les pubs de départements dans le métro, ridicule) ? On taille dans les dépenses inutiles ? Non bien sûr. On s’endette. Le rapport porte sur l’année 2008 et annonce que ce sera bien pire en 2009…
Les finances locales se sont dégradées en 2008, Les Echos
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Les finances locales se sont dégradées en 2008, Les Echos
Philippe Herlin
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mercredi 8 juillet 2009
Notre vulnérabilité augmente…
Dans un commentaire de la note précédente, un internaute (merci à lui) signale cet intéressant article des Echos «La France accroît sa vulnérabilité en empruntant à court terme». La part des emprunts à court terme et à taux variable augmente et cela nous rend plus sensible à une baisse de la demande pour la dette souveraine ou à une hausse des taux (suite à une remontée de l’inflation).
Cette information sort maintenant parce que la commission des finances du Sénat à «cuisiné» (auditionné) le directeur de l’Agence française du Trésor (AFT), Philippe Mills. Bravo et continuez Messieurs ! Son rapporteur, Philippe Marini, évoque «les difficultés que l'Etat commence à éprouver pour placer ses émissions obligataires» et, selon lui, «nous nous approchons probablement d'une zone sensible.»
La France accroît sa vulnérabilité en empruntant à court terme, Les Echos
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Cette information sort maintenant parce que la commission des finances du Sénat à «cuisiné» (auditionné) le directeur de l’Agence française du Trésor (AFT), Philippe Mills. Bravo et continuez Messieurs ! Son rapporteur, Philippe Marini, évoque «les difficultés que l'Etat commence à éprouver pour placer ses émissions obligataires» et, selon lui, «nous nous approchons probablement d'une zone sensible.»
La France accroît sa vulnérabilité en empruntant à court terme, Les Echos
Philippe Herlin
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vendredi 3 juillet 2009
Comment construire une bulle sur la dette souveraine ?
Comme l’indique cet article d’Oriane Claire pour Slate.fr, l’injection massive de liquidités réalisée par la BCE et la Fed permet aux banques… d’acheter des bons d’Etat : «Les banques commerciales ont en effet utilisé de suite l'argent emprunté à bon prix auprès de la BCE pour investir massivement dans les emprunts d'Etat allemands, les bons du trésor américains à 10 ans ou encore les obligations de l'Etat français (les OAT). Ce sont donc les emprunts d'Etat qui ont bénéficié de ce nouveau flux monétaire. Comme nous l'expliquent les différentes banques, «nous empruntons à 1% et prêtons à plus de 3,30% pour les obligations d'Etat germanique, par exemple. Cette opération nous permet de restaurer nos marges aisément».
On voudrait créer une bulle qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Le système est bouclé sur lui-même, autoréférentiel, déconnecté de l’économie réelle, et le changement brutal d’une variable (reprise de l’inflation, déflation, hausse des taux d’intérêt, …) provoque son l’écroulement.
Et signalons que cela revient à faire tourner la planche à billet de façon indirecte : au lieu de souscrire directement des bons du trésor (comme se l’autorise la Fed), la BCE prête de l’argent sans limite et avec de très lâches garanties à un taux très faible à des banques qui se précipitent ensuite pour acheter des OAT françaises ou des Bunds allemands. Où est la différence ? Les apparences sont sauves. C’est vrai que ça compte, surtout dans une bulle.
C’est même une bulle dans une bulle puisque, lorsque l’on élargit le champ d’observation, on voit que la dette des Etats est en grande partie émise pour… sauver le système bancaire. De la liquidité est crée sans contrepartie réelle, sans création de valeur (la hausse de la bourse de ces derniers mois n’étant qu’un effet collatéral de cette création monétaire), ce qui annonce d’autres crises…
Au bonheur des banques, Oriane Claire, Slate.fr
En bonus, un autre article de Slate.fr sur le comportement scandaleux de Jean-François Théodore, président d’Euronext, qui a bradé la bourse de Paris à celle de New York, ce qui annonce des délocalisations d’emplois dans la finance…
Philippe Herlin
On voudrait créer une bulle qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Le système est bouclé sur lui-même, autoréférentiel, déconnecté de l’économie réelle, et le changement brutal d’une variable (reprise de l’inflation, déflation, hausse des taux d’intérêt, …) provoque son l’écroulement.
Et signalons que cela revient à faire tourner la planche à billet de façon indirecte : au lieu de souscrire directement des bons du trésor (comme se l’autorise la Fed), la BCE prête de l’argent sans limite et avec de très lâches garanties à un taux très faible à des banques qui se précipitent ensuite pour acheter des OAT françaises ou des Bunds allemands. Où est la différence ? Les apparences sont sauves. C’est vrai que ça compte, surtout dans une bulle.
C’est même une bulle dans une bulle puisque, lorsque l’on élargit le champ d’observation, on voit que la dette des Etats est en grande partie émise pour… sauver le système bancaire. De la liquidité est crée sans contrepartie réelle, sans création de valeur (la hausse de la bourse de ces derniers mois n’étant qu’un effet collatéral de cette création monétaire), ce qui annonce d’autres crises…
Au bonheur des banques, Oriane Claire, Slate.fr
En bonus, un autre article de Slate.fr sur le comportement scandaleux de Jean-François Théodore, président d’Euronext, qui a bradé la bourse de Paris à celle de New York, ce qui annonce des délocalisations d’emplois dans la finance…
Philippe Herlin
jeudi 2 juillet 2009
Des critiques contre le «grand emprunt»
Comme nous l’avons dit dans cette note, nous souhaitons que le «grand emprunt national» fasse un bide pour que les dirigeants de l’ensemble de l’échiquier politique se rendent compte qu’il faut stopper l’emballement mortel de la dette publique. Les critiques ne manquent pas d’apparaître contre cet emprunt, signalons Jean-Michel Apathie de RTL, François Lenglet de La Tribune ou Yvan Rioufol du Figaro. Signalons aussi cette intéressante initiative, une pétition - à laquelle je m’associe - pour une «relance durable» (i.e. par une baisse des impôts) disponible sur relancedurable.fr.
Un milliard d'euros par jour, Jean-Michel Apathie, RTL
Maurice, Raymond et la dette, François Lenglet, La Tribune
Question sur l'emprunt national, Yvan Rioufol, Le Figaro
Rajouté le 3/7 : Nicolas Baverez dans Le Point
Pétition pour une relance durable
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Un milliard d'euros par jour, Jean-Michel Apathie, RTL
Maurice, Raymond et la dette, François Lenglet, La Tribune
Question sur l'emprunt national, Yvan Rioufol, Le Figaro
Rajouté le 3/7 : Nicolas Baverez dans Le Point
Pétition pour une relance durable
Philippe Herlin
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mercredi 1 juillet 2009
Un «triple A» qui vaut cher…
On en est à 1.430 milliards d’euros de dette publique, et ça s’accélère… Mais l’article du Figaro signale par ailleurs un élément important : la dette de la France reste pour l’instant notée «AAA» par les agences de notation, soit la meilleure note. Mais une dégradation de seulement un cran aurait de graves conséquences car la plupart des banques centrales et des fonds de pension dans le monde ont l’obligation statutaire de placer leurs fonds dans des placements notés AAA. Or la France dépend beaucoup de l’étranger pour sa dette, les deux tiers exactement (seulement 28 % pour les USA) comme nous l’avons signalé dans cette note, ou comme on peut le lire sur le site de l’AFT (Agence Française du Trésor). Une dégradation de la note de la dette française conduirait les banques centrales, les fonds de pension et certains fonds souverains à se détourner brutalement des OAT émises par l’Agence Française du Trésor, mettant le pays dans une situation très critique, au bord de la rupture de paiement. La dette française est donc extrêmement dépendante de ce «triple A», nous sommes à un cran d’une crise potentiellement très grave.
La dette française a doublé en douze ans, Le Figaro
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
La dette française a doublé en douze ans, Le Figaro
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lundi 29 juin 2009
Faisons en sorte que le «grand emprunt national» soit un bide !
Les sondages indiquent un net rejet de l’opinion pour le «grand emprunt national» (seulement 17 % des sondés y souscriraient, un bide). Voici une excellente nouvelle : les Français sont devenus parfaitement conscients que l’endettement de l’Etat ne mène à rien (même pour des «dépenses d’avenir», oh la belle formule de comm !) et constitue même un danger pour, justement, notre avenir. Il ne s’agit pas, dans cette affaire, de jouer pour ou contre le gouvernement, mais de se rappeler qu’en Allemagne le retour à l’équilibre budgétaire (avant la crise) s’est fait par un gouvernement de coalition SPD-CDU avec Schröder puis Merkel comme chancelier, autrement dit la solution aux déficits budgétaires chroniques et à l’endettement de la France passe par une prise de conscience de l’ensemble de la classe politique. Et quel meilleur moyen d’y parvenir que de faire en sorte, chacun de son côté (au bistrot, sur Facebook, etc), que le «grand emprunt national» soit un bide retentissant ! A ce moment là, l’ensemble des dirigeants politiques se rendraient compte qu’ils font fausse route en laissant la dette publique s’accroître. Un référendum anti dette publique en quelque sorte !
La majorité des Français hostile à l’emprunt national
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
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samedi 27 juin 2009
Dette : le salutaire rapport de la Cour des comptes
Nouvelle piqure de rappel de la Cour des comptes sur la dette de la France avec son Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques. Ce document de 133 pages fait le point sur la question avec le sérieux que chacun reconnaît à cette institution, signalons-en les points saillants.
La Cour rappelle que la charge de la dette («intérêts payés par les administrations publiques» page 9) s’élève à 54,6 milliards d’euros par an, ce qui représente 850 euros par habitant, ou 1950 euros par actif (il s’agit de la charge de la dette, pas de la dette elle-même).
Le rapport insiste bien sur le fait que la France présente un déficit structurel, indépendamment de la crise actuelle : «La situation dégradée des finances publiques fin 2008 résultait principalement de l’incapacité quasi constante de la France depuis de très nombreuses années à rééquilibrer ses comptes publics et à réduire le poids des dépenses publiques, contrairement aux autres pays européens. Le niveau du déficit structurel (de l’ordre de 3,5 % du PIB), qui est particulièrement élevé au regard de celui des pays voisins (1,4 % pour la zone euro hors France et 1,0 % pour l’Allemagne), en est l’illustration. Il signifie que le déficit français est, indépendamment des effets de la conjoncture, sensiblement au-delà du seuil de 3 % résultant des traités européens.» (page 17)
Les prévisions sont pessimistes car le poids de la crise se rajoute au déficit structurel : «L’ensemble des éléments ci-dessus amènent à conclure que le déficit global des administrations publiques devrait dépasser 140 Md€, soit plus de 7,0 % du PIB, en 2009 avec une baisse du PIB de 3,0 %. La crise et le plan de relance n’en expliqueraient qu’environ la moitié, le reste étant de nature structurelle, avec un déficit structurel tendant à légèrement s’aggraver.» (page 51)
Et croire que la reprise amènera l’équilibre budgétaire est un doux rêve : «La perspective d’une réduction sensible du déficit et de la dette à l’horizon de 2012 n’est pas réaliste à défaut d’un effort majeur de redressement. Même si la croissance de l’activité redevenait supérieure à 2,0 % par an à partir de 2011, comme le suppose la programmation des finances publiques, la croissance des recettes pourrait être durablement faible. En outre, faute de nouvelles mesures d’économie, le ralentissement des dépenses sera insuffisant. Le déficit public risque d’être encore supérieur à 6,0 % du PIB en 2012 et la dette approcherait alors 90 % du PIB, sans même compter les emprunts de la SFEF. Les charges d’intérêt pourraient être supérieures de 20 Md€ à leur montant de 2008» [soit 70 milliards d’euros] (page 62)
D’autant qu’il faut ajouter ce que la Cour des comptes appelle la dette implicite, les retraites des fonctionnaires (non comptabilisée dans la dette officielle) : «Les plus importants concernent les dépenses de retraite et dépendance qui pourraient être supérieures d’environ 3 points de PIB en 2050 à leur niveau actuel. La somme actualisée des besoins de financement des régimes de retraite à cet horizon correspond à une « dette implicite » qui se compte en dizaines de points de PIB. Pour le seul régime des fonctionnaires de l’Etat, elle représente 30 % du PIB (les pensions versées par l’Etat augmentent de 5,5 % en valeur par an, soit un supplément de dépenses d’environ 2,5 Md€ par an).» (page 66)
La Cour pointe le risque d’emballement de la dette : «Compte tenu du niveau qui sera atteint par la dette et par le déficit primaire en 2009, l’endettement pourrait augmenter de manière exponentielle. Les charges d’intérêt mobiliseraient alors une part disproportionnée des ressources publiques (toutes les recettes de TVA pourraient finalement y être consacrées) ; un risque pèserait sur la signature de l’Etat» (page 73)
Le rapport conclut en rappelant l’ampleur de l’effort à réaliser, mais rappelle que d’autres pays y sont parvenus : «Il faut s’engager dès maintenant vers les mesures nécessaires pour réduire rapidement la dette dès que la croissance sera repartie. L’effort structurel de redressement nécessaire est de l’ordre de 3,5 points de PIB. […] L’ampleur de l’effort à réaliser n’est pas exceptionnelle au regard des ajustements budgétaires menés dans les autres pays de l’OCDE dans le passé. L’essentiel doit passer par la réduction du poids des dépenses publiques dans le PIB pour le rapprocher de la moyenne des pays comparables. Plusieurs pays européens ont réalisé un tel effort de maîtrise des dépenses au cours des dernières années et la France, dans son histoire, a su prendre des mesures de redressement drastiques de son économie.» (page 96)
Le Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques de la Cour des comptes
Philippe Herlin
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La Cour rappelle que la charge de la dette («intérêts payés par les administrations publiques» page 9) s’élève à 54,6 milliards d’euros par an, ce qui représente 850 euros par habitant, ou 1950 euros par actif (il s’agit de la charge de la dette, pas de la dette elle-même).
Le rapport insiste bien sur le fait que la France présente un déficit structurel, indépendamment de la crise actuelle : «La situation dégradée des finances publiques fin 2008 résultait principalement de l’incapacité quasi constante de la France depuis de très nombreuses années à rééquilibrer ses comptes publics et à réduire le poids des dépenses publiques, contrairement aux autres pays européens. Le niveau du déficit structurel (de l’ordre de 3,5 % du PIB), qui est particulièrement élevé au regard de celui des pays voisins (1,4 % pour la zone euro hors France et 1,0 % pour l’Allemagne), en est l’illustration. Il signifie que le déficit français est, indépendamment des effets de la conjoncture, sensiblement au-delà du seuil de 3 % résultant des traités européens.» (page 17)
Les prévisions sont pessimistes car le poids de la crise se rajoute au déficit structurel : «L’ensemble des éléments ci-dessus amènent à conclure que le déficit global des administrations publiques devrait dépasser 140 Md€, soit plus de 7,0 % du PIB, en 2009 avec une baisse du PIB de 3,0 %. La crise et le plan de relance n’en expliqueraient qu’environ la moitié, le reste étant de nature structurelle, avec un déficit structurel tendant à légèrement s’aggraver.» (page 51)
Et croire que la reprise amènera l’équilibre budgétaire est un doux rêve : «La perspective d’une réduction sensible du déficit et de la dette à l’horizon de 2012 n’est pas réaliste à défaut d’un effort majeur de redressement. Même si la croissance de l’activité redevenait supérieure à 2,0 % par an à partir de 2011, comme le suppose la programmation des finances publiques, la croissance des recettes pourrait être durablement faible. En outre, faute de nouvelles mesures d’économie, le ralentissement des dépenses sera insuffisant. Le déficit public risque d’être encore supérieur à 6,0 % du PIB en 2012 et la dette approcherait alors 90 % du PIB, sans même compter les emprunts de la SFEF. Les charges d’intérêt pourraient être supérieures de 20 Md€ à leur montant de 2008» [soit 70 milliards d’euros] (page 62)
D’autant qu’il faut ajouter ce que la Cour des comptes appelle la dette implicite, les retraites des fonctionnaires (non comptabilisée dans la dette officielle) : «Les plus importants concernent les dépenses de retraite et dépendance qui pourraient être supérieures d’environ 3 points de PIB en 2050 à leur niveau actuel. La somme actualisée des besoins de financement des régimes de retraite à cet horizon correspond à une « dette implicite » qui se compte en dizaines de points de PIB. Pour le seul régime des fonctionnaires de l’Etat, elle représente 30 % du PIB (les pensions versées par l’Etat augmentent de 5,5 % en valeur par an, soit un supplément de dépenses d’environ 2,5 Md€ par an).» (page 66)
La Cour pointe le risque d’emballement de la dette : «Compte tenu du niveau qui sera atteint par la dette et par le déficit primaire en 2009, l’endettement pourrait augmenter de manière exponentielle. Les charges d’intérêt mobiliseraient alors une part disproportionnée des ressources publiques (toutes les recettes de TVA pourraient finalement y être consacrées) ; un risque pèserait sur la signature de l’Etat» (page 73)
Le rapport conclut en rappelant l’ampleur de l’effort à réaliser, mais rappelle que d’autres pays y sont parvenus : «Il faut s’engager dès maintenant vers les mesures nécessaires pour réduire rapidement la dette dès que la croissance sera repartie. L’effort structurel de redressement nécessaire est de l’ordre de 3,5 points de PIB. […] L’ampleur de l’effort à réaliser n’est pas exceptionnelle au regard des ajustements budgétaires menés dans les autres pays de l’OCDE dans le passé. L’essentiel doit passer par la réduction du poids des dépenses publiques dans le PIB pour le rapprocher de la moyenne des pays comparables. Plusieurs pays européens ont réalisé un tel effort de maîtrise des dépenses au cours des dernières années et la France, dans son histoire, a su prendre des mesures de redressement drastiques de son économie.» (page 96)
Le Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques de la Cour des comptes
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